Le rejet dans la nature des moyens de protection individuelle et collective, en l’occurrence masques, flacons de gel, tests et seringues usagés, alerte sur l’apparition de nouveaux types de déchets assez dangereux.
Certes, la pandémie du Covid-19 a diminué en intensité et fini par devenir, semble-t-il, un mauvais souvenir. Mais, une chose est sûre, ses séquelles environnementales si fâcheuses soient-elles ne sont plus à démontrer. C’est que la grande quantité de déchets d’activités de soins à risques infectieux (Dasri) générés suite à l’état d’urgence sanitaire qu’on a durement vécu pendant deux ans, avait alerté sur les dangers qui y sont liés et hissé l’écovigilance à des niveaux supérieurs.
18 mille tonnes dans la nature
En fait, le rejet dans la nature des moyens de protection individuelle et collective, en l’occurrence masques, flacons de gel, tests et seringues utilisés, a dû nous édifier sur l’apparition de nouveaux types de déchets assez dangereux. D’où l’impératif d’y faire face et ne ménager aucun effort pour les traiter, voire les éradiquer. A cet effet, une campagne de sensibilisation sur les Dasri a déjà été lancée. L’objectif est de mieux cerner leurs risques et l’impact de la pandémie sur l’accumulation de ces déchets, tout en interpellant toute personne impliquée dans la gestion de ces déchets. Surtout que quantité provenant des activités sanitaires en temps de pandémie est estimée à 18 mille tonnes par an, dont 8 mille tonnes qualifiées de rejets dangereux.
Cette campagne de sensibilisation, pilotée conjointement par les ministères de l’Environnement, de la Santé, l’Anged, l’Anpe, avec l’appui de la GIZ via le projet « Protection du climat à travers une économie circulaire en Tunisie (Protec T) », mandaté par le ministère fédéral allemand, a été annoncée lors d’une conférence de presse tenue le 16 de ce mois à Tunis. Une occasion qui intervient à point nommé, où la ministre de l’Environnement, Mme Leila Chikhaoui, a fait part de la portée d’une meilleure gestion des Dasri, de par la menace qu’ils présentent tant pour la nature que pour la santé des citoyens. Pour elle, une mobilisation citoyenne massive s’avère aussi de mise.
Un tri délicat
Cela s’inscrit dans le cadre d’un travail collégial engagé. Pour ce faire, précise Samir Ouerghemmi, directeur général au sein du département de l’hygiène du milieu et de la protection de l’environnement, un protocole a été mis en place dans les établissements hospitaliers, les centres de vaccination, ainsi que les lieux de confinement, où le tri se fait à la source dans des emballages spécifiques sécurisés. Quant à l’opération de collecte, de transport et de stérilisation de ces déchets, elle est confiée à des sociétés spécialisées. Une telle campagne, aux dires de Badreddine Lasmar, directeur général de l’Anged, est censée changer le comportement du public cible et sa perception quant à la dangerosité de ces déchets. L’ultime but étant, en quelque sorte, d’instaurer de bonnes pratiques visant la conciliation en l’homme et la nature. Donc, une nouvelle culture écocitoyenne s’impose, aujourd’hui, comme un vivier du savoir et du savoir-faire environnemental. Et là, on fait appel à l’expertise allemande. Stephan Voss, chef du projet «Protec T», avait, par la même occasion, fait valoir l’appui de son pays à la Tunisie, notamment dans la dernière crise sanitaire. Il a mis en avant la composante «Riposte Covid-19 liée audit projet», avec pour objectif la sensibilisation sur la gestion et les risques des Dasri. A cela s’ajoute, selon lui, la mise en ligne d’une plateforme numérique, afin d’assurer la traçabilité de ces déchets. D’autant que les livrables de ladite campagne ont été aussi finalisés, à savoir affichage urbain, habillage métro, spots TV et radio, bandes dessinées aux écoliers. Soit tout un plan de communication établi pour réussir ce coup de balai spécifique.