Protestations syndicales : Grèves ciblées et dates suspectes

Depuis une bonne dizaine d’années, le Tunisien va de mal en pis. On lui a volé tous ses rêves et ses espoirs (si tant il est vrai qu’il en ait eu). Aujourd’hui, on a atteint un palier plus avancé dans les exactions et les privations systématiques.

Il n’est plus permis de penser que ce qui se trame relève de simples coïncidences ou n’est que le résultat de mauvais choix ou approches. Car, de mémoire de Tunisien, on n’a jamais connu une telle série de catastrophes les unes plus dévastatrices que les autres.

Est-ce que c’est un pur hasard que nous assistons depuis ces dernières années à ce travail méthodique de sape ?

Politique de la terre brûlée

Après avoir subi les contrecoups de la pandémie de la Covid-19, les citoyens tunisiens ne cessent d’encaisser les volées de coups visant leur mode de vie et leurs bourses. A ce rythme on n’est pas loin de parler de sa survie, voire de sa vie. Les menaces, qui se précisent contre les corrompus et leurs commanditaires, font que ces derniers augmentent de façon substantielle les actions de sabotage de l’économie et de la société. Tous les fondements de notre société sont devenus la cible privilégiée de ces criminels qui, soit dit en passant, ont placé leurs pions partout (rouages de l’Etat, corporations professionnelles, organisations diverses et, bien sûr, les soi-disant partis politiques…). Aussi, n’y a-t-il pas lieu de s’étonner de toutes ces opérations de spéculations, de contrebande et de pénuries artificielles de tous les produits de base. Objectif : affamer le peuple et pratiquer la politique de la terre brûlée. Et, mine de rien, ils y sont presque parvenus. Le pauvre Tunisien n’est plus à l’abri ni de la faim ni de la soif (puisque les coupures d’eau sont de plus en plus fréquentes et de plus en plus longues). Même si on peut comprendre la coupure en cours (du 21 au 26 mars 2022), programmée par la Sonede en raison des travaux du RFR et qui touche plus de 800.000 abonnés aux dires des responsables.  Pis encore, les signes montrent que ces ennemis du peuple ont plus d’un tour dans leur sac. Ils ne reculent devant rien. Ils sont encore plus déterminés à mettre des bâtons dans les roues du pouvoir. L’important pour eux est de maintenir la pression sur les citoyens et les étouffer sous les pénuries et les privations. Acheter son pain quotidien est devenu un calvaire. Trouver tel ou tel médicament est un exercice auquel tout le monde s’est habitué. On parle, d’ailleurs, de l’inexistence de près de 720 médicaments. Et, là, la contrebande est très active.

Pourquoi s’en prendre aux citoyens ?

De plus, on peut ajouter à cette stratégie punitive engagée contre les Tunisiens sous le prétexte d’un retour au système politique pourri qui prévalait et au rétablissement de la… “démocratie” !!! (la leur, bien sûr) une longue liste d’autres mesures de représailles. Tout le monde, d’ailleurs, sait que ces individus, qui persistent et signent, ne cherchent qu’à retrouver les postes qu’ils occupaient dans le système révolu. Quitte à ce que ce soit sur les cadavres des Tunisiens. Ils ne le cachent pas et l’affirment publiquement, lorsqu’ils parlent de l’imminence de troubles sociaux violents. C’est ce qu’ils appellent de tous leurs vœux. Donc, tout est bon pour eux. Aucun moyen n’est à exclure pour parvenir à leurs fins. Cela nous pousse à nous interroger, justement, sur certains mouvements de grèves et de blocages des secteurs de production. La grève illimitée des transporteurs de bouteilles de gaz vient s’ajouter aux restrictions imposées aux citoyens. Pour ces derniers, il ne suffit pas qu’on les prive de tout. On les prive, aussi, de cuire leurs repas ou de se chauffer ou de se laver. A cela, n’oublions pas d’ajouter cette grève de trois jours “décidée” par les postiers, du 22 au 24 mars courant. Pure coïncidence, cette grève (appelée à connaître une escalade), tombe à pic avec le versement des salaires et des pensions !!!

Les responsables syndicaux ne savent-ils pas que cette période est cruciale ? Pourquoi veulent-ils punir les travailleurs dont ils prétendent défendre les droits ?

Ce débrayage, en ce moment précis, n’a d’autre but que d’attiser le simple citoyen comme bouclier humain et ajouter encore plus à son angoisse et à sa détresse. En fait, ces mouvements (abstraction faite de leur légitimité ou non) ne font qu’aider ceux qui veulent causer plus de dommages au pays et apporter plus de misère à son peuple. En effet, quand on voit que l’Ugtt reste impassible devant la régression économique et n’interagit pas avec la situation, on ne peut que rester sans voix. Une telle organisation aurait dû être plus responsable, en se montrant plus à l’écoute des aspirations du peuple. Les démonstrations de force actuelles (si elles sont un signal adressé au pouvoir) ne sont, en définitive, qu’une sanction de plus pour le Tunisien.

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