Depuis 2008, la Tunisie a intégré progressivement la lutte contre la violence à l’égard des femmes dans ses priorités. Mais cette priorisation ne s’est matérialisée qu’à travers la promulgation de la loi organique n°2017-58 du 13 août 2017, relative à l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Et le 25 février 2020, un décret gouvernemental relatif à l’organisation administrative et financière de l’Observatoire national pour la lutte contre la violence à l’égard des femmes en application de l’art 40 de la loi organique n°2017-58 est promulgué, dont les principales missions sont de détecter les cas de violence à l’égard des femmes, et ce, à la lumière des rapports et informations collectés, tout en archivant ces cas, ainsi que leurs incidences dans une base de données créée à cet effet, et d’assurer le suivi d’exécution des législations et des politiques, évaluer leur efficacité et efficience dans l’élimination de la violence à l’égard des femmes et publier des rapports à cet effet en proposant les réformes nécessaires. Cependant et malgré la mise en œuvre d’une stratégie nationale de lutte contre la violence à l’égard des femmes depuis 2008, le taux de ces violences reste élevé. Jusqu’au 24 novembre 2020, l’Observatoire national pour la lutte contre la violence à l’égard des femmes a recensé pas moins de 14.000 signalements de violences sur la ligne verte 1899 (dans 71% des cas signalés, l’auteur de la violence était le conjoint de la victime).
Pour sa part, la ministre de la Femme, de la Famille, de l’Enfance et des Personnes âgées a précisé que les 128 unités de la police et de la garde nationale spécialisées dans la lutte contre la violence à l’égard des femmes ont reçu 65.000 plaintes en 2019, dont 3.370 soumises au ministère de la Justice, et que 2.500 de ces affaires étaient liées à la violence conjugale.
Par ailleurs, le rapport national sur la lutte contre la violence à l’égard des femmes en Tunisie, publié trois années après la promulgation de la loi organique n°58 de 2017, a constaté que dans 48,96% des cas de violence à l’égard des femmes recensés par le ministère de l’Intérieur, l’auteur des violences est le conjoint, et que dans 90% des cas de violence à l’égard des femmes recensés par le centre de prise en charge psychologique de l’Office national de la famille et de la procréation, l’auteur des violences est le partenaire intime de la victime, alors que dans 80% des cas de violence à l’égard des femmes recensés par le ministère de la Femme, de la Famille, de l’Enfance et des Personnes âgées, la victime de violence est mariée.