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Le navire de quarantaine : Une mesure de routine

Avec le décret n° 1287 du 12 avril 2020 de la Protection civile italienne, il a été ordonné le déploiement de navires affectés à la mise en quarantaine des citoyens étrangers secourus ou arrivés de manière autonome par la mer. Depuis lors, tous les ressortissants arrivant en Italie, y compris les Tunisiens, sont placés obligatoirement en quarantaine dans une structure particulière, généralement un « navire quarantaine». Sous des prétextes sanitaires, ce traitement est en réalité utilisé par les autorités afin d’empêcher les évasions de migrants, comme cela avait été le cas en juillet 2021, lorsque plus de 200 personnes avaient bravé la quarantaine qui leur avait été imposée en Sicile dans des conditions de détention qualifiées d’inhumaines.

Au cours de l’année dernière, plusieurs navires ont été déployés autour de la Sicile afin d’accueillir les personnes arrivées irrégulièrement en Italie. Selon les données du ministère italien de l’Intérieur, au cours des six premiers mois de 2021, environ 11.833 ressortissants étrangers ont fait l’objet d’une surveillance sanitaire sur un navire affrété à cette fin, dont 1.320 femmes et 10.513 hommes. Parmi eux, 1.524 étaient des Tunisiens, soit la principale nationalité présente… Le nombre de Tunisiens se trouvant à bord des navires de quarantaine a ensuite explosé pour atteindre 4.788 (sur 16.090 migrants) en novembre 2021. Bien que cette mesure fût prévue pour être exceptionnelle, compte tenu de la situation sanitaire, elle est désormais devenue une mesure de routine.

Cette phase, qui peut avoir une durée indéfinie, allant d’un minimum de 10 jours à plus d’un mois, est caractérisée par un vide juridique et encore par l’absence totale d’informations sur la durée du séjour ou sur les étapes suivantes. Selon les données collectées dans le cadre de cette enquête, 98% des répondants ont été placés en quarantaine dans un navire ; les 2% restants ont été placés dans d’autres structures, pendant une moyenne de 14 jours. Les navires et les centres de quarantaine, dans une logique de sélection et d’expulsion des migrants, ont allongé la durée de la détention et raccourci celle du rapatriement, réitérant ainsi des procédures de sélection arbitraires entre les demandeurs d’asile et les migrants économiques. Les mesures prises pour lutter contre la Covid-19 se traduisent par des ségrégations longues et arbitraires, avec des obstacles considérables rencontrés par les Tunisiens pour l’accès à des informations claires.

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