La Cinémathèque tunisienne propose pour le mois de Ramadan un voyage spirituel entre fictions et documentaires à travers des œuvres qui traitent de soufisme, de mysticisme, d’identité communautaire, d’héritage culturel et de recueillement dans ses différents aspects. Une belle programmation qui débutera ce soir et s’étalera jusqu’au 30 avril courant.
Stambeli, Hadhra, Issaouia, Ziara et autres formes de célébrations spirituelles et de confréries soufies ont été abordées par différents cinéastes tunisiens sous le prisme de la fiction ou de la documentation, à l’instar de Nawfel Saheb Ettaba, Fadhel Jaziri, Walid Tayâa et Mahmoud Ben Mahmoud.
Le programme des projections, qui se tiendront toutes à 15h00, débutera aujourd’hui 7 avril 2022, avec la projection (en 35 mm) de «La danse du feu (Habiba Msika)» de Selma Baccar, sorti en 1995. Femme libre et artiste aux multiples talents, Habiba Msika fut l’une des plus brillantes étoiles de son époque, les années vingt. Inspiré de la vie réelle de l’artiste, le film évoque les trois dernières années à partir de 1927.
L’on ne peut parler de soufisme et de mysticisme dans le cinéma sans se référer à l’œuvre de Nacer Khemir dont on pourra (re)voir les deux films : «Bab’Aziz, le prince qui contemplait son âme» (2005) et «Looking for Muhyiddin» (2012).
Le premier raconte le voyage à travers le désert d’une petite fille pleine d’entrain et son grand-père Bab’Aziz, un derviche aveugle. Elle le guide à la grande réunion des derviches qui a lieu tous les trente ans. Mais pour la trouver, il faut avoir la foi, savoir écouter le silence infini du désert avec son cœur. Leur voyage à travers l’immensité brûlante les amène à la croisée d’autres destins : Osman, qui rêve de retrouver les jeunes femmes découvertes au fond d’un puits. Zaid dont le chant a séduit une beauté irréelle qu’il a perdue. Et puis, le prince qui a abandonné son royaume pour devenir derviche. Un conte ancien que Bab’Aziz rapporte à Ishtar tandis qu’ils cheminent péniblement dans le sable.
Le deuxième film est aussi l’histoire d’un voyage initiatique, celui d’un fils qui rentre au pays pour enterrer sa mère…Il fait une promesse à son père qui va l’entrerrer derrière un certain Sheïkh Muhyiddin. Dans sa quête de cet homme, il découvre à travers ses rencontres l’enseignement d’un grand mystique de l’Islam.
Au programme également deux films de Nawfel Saheb Ettaba : «El ziara» (Lune Noire) (2014) qui revient sur l’enfance de Youssef, un jeune homme dont un drame familial survenu l’a rendu orphelin et amnésique. Sa rencontre fortuite avec une jeune fille attirante et mystérieuse, devant une maison peu ordinaire, provoque en lui un processus mnémonique qui ouvre une brèche sur son passé oublié. Et «Stambeli» (1999), un documentaire qui met en images un rituel religieux qui se déroule en Tunisie, un voyage au rythme des «gombri» et «chkackek», conduisant à une hypnose individuelle et collective. Un hommage annuel que les disciples de Sidi Saâd rendent à leur maître durant un voyage d’initiation et un rite de purification qui dure trois jours.
«Les Mille et une voix soufies» (Wajd) de Mahmoud Ben Mahmoud sorti en 2001, est un voyage musical à travers les terres et les voix de la musique de l’Islam.
De Tunis au Caire, du Radjastan à Istanbul et au Sénégal, le réalisateur nous entraîne pour un pèlerinage aux sources de la musique islamique : l’univers mystique du soufisme, là où l’Islam a développé le meilleur de sa musique. Rythmé par les grandes fêtes du calendrier musulman, le film laisse une place importante à l’intimité de l’apprentissage et de la transmission de cet héritage musical. Vous découvrirez aux sons des tambourins, des flûtes de roseaux ou de l’harmonium, la variété de cette musique à travers l’art de la cantillation du Coran, les processions religieuses ou encore les mariages.
«Made in Gougou», un documentaire de Latifa Doghri (2013) qui nous invite sur l’île de Djerba où une vieille femme noire enfermée est dans une maison. Peu de gens sont autorisés à la voir. On parle de folie… On parle de maladie grave, on parle d’accès de fureur. Cette femme est surnommée Elloulou on l’appelle aussi ezzaima (la leader). C’est une pionnière de la musique noire sur l’île.
«La Zitouna, au cœur de Tunis » de Hmida Ben Ammar (1981), est une incursion dans l’histoire de la Tunisie, une évocation tout en complicité, tout en amour, d’une mosquée, d’une société qui se souvient.
Calendrier des projections :
Jeudi 7 avril : projection en 35 mm
15h00 : «La danse du feu (Habiba Msika)», Selma Baccar, 1995, Tunisie, 120’
Vendredi 8 avril
15h00 : Zéro, dir. Nidhal Chatta, 2014, Tunisie, 83’
Samedi 9 avril 2022 :
15h00 : Bab’Aziz : Le prince qui contemplait son âme, Nacer Khémir, 2005, Tunisie, 99’
Mercredi 13 avril 2022
15h00 : El ziara (Lune Noire), Nawfel Saheb Ettaba, 2014, Tunisie, 107’
Jeudi 14 avril 2022
15h00 : Hadhra (la célébration), Fadhel Jaziri, 2001, Tunisie, 90’
Vendredi 15 avril 2022
15h00 : Stambali, nawfel Saheb Ettaba, 1999,Tunisie, 52’
Les passionnés–moi, le issaoui, dir walid tayâa, 2010, Tunisie, 52’
Samedi 16 avril 2022 : projection en 35 mm
15h00 : Les mille et une voix soufies (Wajd), Mahmoud Ben Mahmoud
Mercredi 20 avril 2022
14h00 : Looking for muhyiddin, Nacer Khémir, 2012, Tunisie, 183’
Jeudi 21 avril 2022 : regards documentaires
15h00 : Derrière la vague, Fethi Saidi, 2016, Tunisie, 100’
Vendredi 22 avril 2022
15h00 : Saliha, mokhtar ladjimi, 2014, tunisie, 69’
Samedi 23 avril 2022
15h00 : Sur les traces des lettres, Mohamed Salah Argui
Jeudi 28 avril 2022
15h00 : La Zitouna, au cœur de Tunis, Hmida Ben Ammar, 1981, Tunisie, 58’
Vendredi 29 avril 2022
15h00 : Made in gougou, Latifa Doghri, 2013, Tunisie, 40’
Sidi Bouhlel, Ridha Ben Hlima, 2013, Tunisie, 22’
Samedi 30 avril 2022
15h00 : Abid Ghbonten, Une mémoire pour l’oubli, dir. Ramzi Bejaoui, 2012, Tunisie, 70’