En tant que président de club, Youssef Almi devait prendre place dans les tribunes et non pas sur le terrain. Il n’avait pas à parler à l’arbitre du match. Ce n’est pas d’ailleurs son rôle.
En Tunisie, et dans le monde du football en particulier, on a tendance à confondre les rôles. On a tendance aussi à jouer la carte émotionnelle pour gagner la sympathie des supporters. En se faisant signaler sur la feuille du match par l’arbitre de la rencontre AS Soliman-CA du 9 mars dernier, Youssef Almi est tombé dans le piège, il a dérapé. Pour rappel, l’arbitre de ladite rencontre a noté sur la feuille du match une agression verbale du président du CA sur sa personne.
Bureaucratie et évocation…
La bureaucratie administrative, voilà un mal qui touche aussi nos instances de football. La Ligue nationale du football professionnel ne déroge pas à la règle puisqu’elle a mis plus d’un mois pour rendre son verdict : Youssef Almi sera privé de banc pendant deux matches et a écopé d’une amende de 5.000 dinars.
Entretemps, le CS Chebba, incapable d’assurer son maintien en Ligue 1 sur le terrain, a déposé une évocation contre le CA et son président. C’est ce qu’a trouvé de mieux à faire le président du Croissant Sportif Chebbien, Taoufik Mkacher, qui part dans une nouvelle croisade contre les instances footballistiques. Youssef Almi et Taoufik Mkacher : voilà deux présidents qui font du tort à leurs clubs. Le premier n’a pas saisi, à ce jour, qu’il est président d’un grand club et que sa place est dans les tribunes et non pas au bord du terrain. Un président peut naturellement exprimer sa joie quand son équipe gagne ou quand elle atteint un objectif, comme la qualification aux play-offs, mais une telle joie doit être exprimée avec une certaine retenue et dans les tribunes. Il est aussi du devoir d’un président de club de défendre les intérêts de son équipe. Mais ce n’est pas son rôle de formuler une contestation auprès de l’arbitre, car c’est la tâche allouée au capitaine de l’équipe.
En ce qui concerne le président du CS Chebba, il aurait pu, s’il avait preuve de diplomatie, éviter déjà à son équipe la suspension par la FTF. Il a, certes, gagné l’affaire qui l’a opposé à la FTF de Wadie Jary, mais il aurait dû, cette saison, concentrer ses efforts pour assurer les conditions optimales de réussite de son équipe sur le plan sportif. Mais quand on décide de se séparer d’un entraîneur à une phase cruciale de la première phase du championnat, qu’on lui demande après de continuer à assurer l’intérim car on n’a pas une solution alternative sous la main, l’impact d’un tel flottement dans les décisions ne s’est pas fait attendre et le CS Chebba d’être relégué en Ligue 2. Après, s’accrocher à l’évocation contre le président du CA, c’est comme s’accrocher à une bouée de sauvetage.
Bref, Youssef Almi, comme Taoufik Mkacher, du reste, semblent ne pas avoir saisi, à ce jour, le rôle d’endosser l’habit de président d’un club de football.