Négociations Tunisie-FMI : Les arguments tunisiens à découvert

• La réforme fiscale, partie intégrante du programme des réformes introduit par la Tunisie, se fonde sur six axes principaux
• La Banque mondiale réaffirme son engagement en faveur d’une relance durable en Tunisie
• Le FMI exprime sa disposition à offrir son aide technique à la Tunisie pour profiter des expériences comparées

Maintenant que les discussions entre le Fonds monétaire international (FMI) et la Tunisie évoluent sur la bonne voie et que la directrice générale du Fonds, Kristalina Georgieva, estime que ces mêmes discussions progressent bien, d’une part, et que la Banque mondiale par la voix de son vice-président pour la région Mena, Farid Belhaj, qualifie les intentions de réformes envisagées par la Tunisie de bonnes et appelle à les concrétiser le plus vite possible, la journée du jeudi 21 avril a apporté du nouveau pour ce qui est des dispositions à mettre en œuvre dans le cadre de la réforme fiscale qui s’inscrit dans le cadre de la feuille de route-programme que le gouvernement à soumise au Fonds dans l’objectif d’obtenir son aval à propos des crédits estimés à quelque 4 mille millions de dinars auxquels il désire accéder auprès du Fonds.

En effet, dans un texte publié par le ministère des Finances, l’on apprend qu’au cours des réunions techniques FMI-Tunisie, ont été examinées les grandes lignes sur lesquelles sera fondée la réforme fiscale prévue par le gouvernement tunisien.

Et ces grandes lignes témoignent, de par leur clarté, leur précision et surtout leur capacité à être mises en application dans les plus brefs délais, de la volonté affichée par le gouvernement de répondre positivement aux revendications légitimes que tant de parties, de personnalités et d’organisations ne cessent d’exprimer dans l’objectif d’instaurer une politique fiscale équitable où les sacrifices sont partagés par les contribuables, convaincus que leurs apports (argent) sont réellement dépensés dans les projets de développement et non détournés impunément, à des fins personnelles.

Ainsi, Mme Sihem Boughdiri, ministre des Finances, souligne-t-elle que la réforme fiscale sera fondée sur les six principaux axes suivants :

– La simplification de la fiscalité dans le sens, sûrement, de mettre fin définitivement aux complications qui marquent actuellement certains régimes au point que même les experts n’arrivent pas, parfois, à comprendre ces régimes.

– L’unification des identifiants dans l’objectif de faire en sorte que tous les secteurs d’activités obéissent, à l’avenir, à un même identifiant

– Le renforcement de la justice fiscale dans le but d’en finir avec les pratiques actuelles qui offrent l’opportunité à certaines activités libérales (médecins, avocats, bureaux, conseils, etc.) de payer des impôts très dérisoires dans le cadre du système forfaitaire, alors que les salariés du public et du privé sont dans l’obligation de voir leurs salaires obéir à des retenues à la source parvenant parfois au quart.

– L’élargissement de la base des contribuables dans l’objectif de faire en sorte que plusieurs activités économiques non concernées actuellement par les impôts le soient à l’avenir.

– La lutte contre l’évasion fiscale qui aura pour finalité tout bonnement et tout simplement la récupération par l’Etat de milliers de milliards de dinars dont la trésorerie publique est privée depuis des décennies du fait du refus des personnes et des entreprises concernées de payer à l’Etat les impôts qu’elles lui doivent.

– La numérisation de l’administration fiscale qui constitue une demande vieille de plusieurs années dans le but d’en finir avec la pagaille actuelle et d’instaurer un système de traçabilité qui rompe avec toutes les pratiques qui favorisent l’évasion fiscale. Et le communiqué du ministère des Finances de mettre l’accent sur l’aide qu’apportera le FMI à la Tunisie afin que ce plan de réforme fiscale puisse aboutir en «tirant profit des expériences comparées».

La BM plaide pour une relance durable

Et les prémices de la réussite de la participation de la délégation tunisienne aux réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale d’apporter du nouveau de la part de la Banque mondiale.

Farid Belhaj, vice-président de la BM pour la région Mena, qualifie, dans un tweet, sa rencontre avec Mme Sihem Boughdiri, ministre des Finances, et Samir Saïed, ministre de l’Economie et de la Planification, «de productive».

Il y explique aussi «avoir réaffirmé l’engagement de la Banque mondiale en faveur d’une relance durable en Tunisie».

Le communiqué publié par le ministère des Finances informant sur le contenu de la même rencontre met l’accent sur le soutien de la Banque mondiale aux petites et moyennes entreprises.

Il reste, toutefois, à relever qu’en dépit des déclarations rassurantes qui parviennent quotidiennement de Washington de la part des membres de la délégation tunisienne participant aux réunions du FMI et de la Banque mondiale, certaines experts, dont l’économiste Ezzeddine Saïdane, continuent à considérer que la mission de la délégation est très difficile du fait des trois facteurs suivants, «à savoir l’état d’exception qui prévaut en Tunisie, l’absence d’un consensus entre le gouvernement et l’Ugtt et le taux d’endettement du pays jugé comme étant très élevé par le FMI».

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