Investir dans l’industrie pharmaceutique, c’est investir dans un secteur qui relève de la souveraineté nationale, voire de la santé des Tunisiens. Malgré la crise économique aiguë que traverse le pays, le ministère de la Santé continue d’investir dans ce secteur. L’industrie pharmaceutique nationale dispose d’atouts majeurs : un savoir-faire et une expertise reconnus, des unités de fabrication, une situation géographique idéale …Aujourd’hui, elle répond à 60% des besoins en médicaments de la population, et le gouvernement ambitionne d’atteindre les 70%, déclare Dr Mariem Khrouf, directrice de la pharmacie et du médicament au ministère de la Santé publique, pour peu qu’une volonté politique appuie les efforts déployés par les acteurs du secteur pharmaceutique. Par ailleurs, et depuis plusieurs mois, la Tunisie connaît un manque de disponibilité des médicaments dans les officines et les hôpitaux. En novembre 2021, les professionnels du secteur évoquaient une pénurie de 532 médicaments. De même, en mars 2022, l’association des pharmaciens indiquait la rupture de stock et la difficulté d’accès de plusieurs centaines de médicaments par les pharmacies privées. La crise sanitaire (Covid-19) a démontré l’importance de l’industrie pharmaceutique nationale pour faire face à cette pandémie. Cette activité constitue, certes, l’un des fleurons de notre industrie nationale qui peut faire plus et mieux en garantissant une meilleure couverture sanitaire afin que le pays soit moins tributaire de l’importation et peut même être une source importante de rentrées de devises en exportant le médicament made in Tunisia vers l’Afrique et même vers l’Europe ou l’Amérique. Faut-il rappeler que les établissements sanitaires privés et publics opérant dans ce secteur peuvent fournir des médicaments à des prix inférieurs à ceux des médicaments importés. De ce fait, on peut renforcer la sécurité sanitaire en Tunisie et booster les exportations des médicaments fabriqués par des laboratoires tunisiens. Nonobstant tous ces atouts, l’industrie pharmaceutique est confrontée à une crise structurelle due à la hausse des prix des matières premières et leur raréfaction, la crise de la Covid qui a perturbé les exportations et les importations…
Les professionnels du secteur n’ont cessé, d’ailleurs, d’appeler à la création d’une agence nationale des médicaments qui contribuera à la mise en place d’une stratégie nationale pour le développement de cette filière. En effet, la Tunisie fait partie des pays africains qui peuvent se doter d’une industrie pharmaceutique développée et à haute valeur ajoutée. Le choix de notre pays pour être un centre de fabrication de vaccins en est l’illustration parfaite. La Tunisie doit à présent saisir sa chance et mettre à profit le processus de développement des vaccins ainsi que les connaissances acquises dans le contexte de la crise actuelle pour continuer dans le futur à planifier, concevoir et réaliser des études scientifiques efficaces pour ses divers portefeuilles de recherche.