• C’était prévu et les syndicalistes n’ont pas tardé à annoncer, via la commission nationale administrative, que l’Ugtt ne participera pas au dialogue national tel que prévu par le Chef de l’Etat
• Une grève générale sera décrétée, dans les jours à venir, dans la Fonction et le secteur publics.
• Les membres de la commission nationale administrative de l’Ugtt expriment leur opposition «à l’approche unilatérale du Président Kaïs Saïed».• Les partis participants soutenant la dynamique du 25 juillet attendent d’être conviés au dialogue national
L’Union générale tunisienne du travail (Ugtt) a dit, hier, via la réunion de sa Commission administrative nationale, son mot : les syndicalistes de la place Mohamed-Ali ne participeront pas au dialogue national, selon la formule décidée par le Président de la République, Kaïs Saïed, et explicitée dans son décret n°30 paru au Journal officiel de la République tunisienne (Jort) en date du 19 mai 2022 portant création de l’Instance nationale consultative pour une nouvelle République».
En plus clair, Noureddine Taboubi, les membres du bureau exécutif et ceux de la commission administrative nationale refusent le rôle de «conseillers auprès du Président de la République», comme l’a souligné Sami Tahri, secrétaire général adjoint de la centrale syndicale ouvrière, bien avant que les participants à la réunion de la commission nationale tenue à Hammamet hier, lundi 23 mai, n’expriment leur niet catégorique de cautionner la formule annoncée par le Chef de l’Etat.
Et ce n’est pas tout, puisque les participants à la rencontre de Hammamet ont avalisé la décision prise, début mai par le groupement des secteurs de la fonction publique et du secteur public, quant à l’organisation d’une grève générale auprès des fonctionnaires et des entreprises publiques (Sonede, Steg, Onas, etc. ) tout en laissant au bureau exécutif de l’Ugtt l’opportunité d’en décider la date.
Hier, on a appris officiellement que la tenue de la grève générale en question a été confirmée et que le bureau exécutif de l’Ugtt tiendra demain, mercredi 25 mai, une conférence de presse au cours de laquelle seront communiqués la date et les motifs qui ont poussé à décréter la grève générale.
Une approche unilatérale inacceptable
Mais pourquoi les syndicalistes ont-ils opposé un non catégorique au dialogue national auquel ils appellent depuis novembre 2020, bien avant le 25 juillet 2021, et comment saisir les significations de leur décision de décréter une grève générale des fonctionnaires et des entreprises publiques au moment même où le Chef de l’Etat a décidé, via le décret 30 du 19 mai 2022, d’instaurer la forme et les conditions du dialogue national tant attendu et d’en choisir les participants.
Samir Tahri, SG adjoint de l’Ugtt, son porte-parole et l’un des lieutenants les plus médiatisés de Noureddine Taboubi, n’y va pas par quatre chemins et ne mâche pas ses mots pour dire carrément et textuellement : «Non, nous ne jouerons pas aux conseillers du Président Kaïs Saïed, aux conseillers dont les avis ne seront pas pris en considération puisque les conclusions sont déjà prêtes bien avant même la formation de la commission consultative des affaires économiques et sociales aux travaux de laquelle l’Ugtt sera invitée, alors que les syndicalistes seront écartés de l’autre commission appelée à décider de la rédaction de la nouvelle Constitution».
Sur la même lancée, les membres de la commission nationale administrative relèvent: «Notre décision (le boycott du Dialogue national) résulte de l’approche unilatérale de la part du Président de la République. Elle a été prise à l’unanimité des participants à la réunion de la commission nationale».
Et les syndicalistes de s’accorder à relever que «le dialogue national doit être organisé sur la base d’un consensus et non d’une consultation», ajoutant notamment: «L’Ugtt s’attache à la participation des partis politiques au processus lancé sur ordre présidentiel».
Reste à savoir maintenant comment les autres organisations nationales comme l’Utica ou l’Unft, à titre d’exemple, vont réagir à la décision du Président de la République de les inclure dans le dialogue national selon la formule qu’il a annoncée. Idem pour les partis politiques qui ont exprimé leur soutien total à la dynamique du 25 juillet 2021 et à toutes les mesures exceptionnelles prises par le Chef de l’Etat mais qui n’ont pas été désignés dans le décret n°30 du 19 mai comme participants à l’une des commissions consultatives constituées conformément au décret cité. Pour le moment, on ne sait pas si les femmes vont déléguer une représentante de leur organisation à la commission économique et sociale qui sera présidée par Me Brahim Bouderbala, bâtonnier des avocats.
Quant à l’Utica, le bref communiqué qu’elle a diffusé à l’issue de la rencontre de son président, Samir Majoul, avec le Président Kaïs Saïed ne parle pas de «la commission nationale consultative pour l’édification de la nouvelle République». Elle n’évoque pas également que l’Union a délégué un représentant pour participer aux travaux de la commission des affaires économiques et sociales.
Du côté des partis qui ne ratent aucune occasion pour insister sur leur soutien total au Président Kaïs Saïed et à ses différentes mesures exceptionnelles, on observe des déclarations et des positions qui traduisent le flou et le désarroi dans lesquels se sont retrouvés les responsables de ces partis en découvrant que tous les partis politiques pro ou anti-25 juillet 2021 ont été écartés de la commission nationale du dialogue (avec ses deux commissions spécialisées).
Ainsi, Serhane Nasri, président du jeune parti «L’Alliance pour la Tunisie», dénonce-t-il fermement et vigoureusement la décision du Chef de l’Etat.
De son côté, Abid Briki, président du parti «La Tunisie en avant», assure que le Président de la République lui a promis que les partis de soutien, dont le sien, seront de la partie. Sauf que la présidence de la République n’a rien publié d’officiel (jusqu’au moment où le présent article était rédigé) sur les propos de Abid Briki.
Zouheïr Maghzaoui, secrétaire général du parti «Mouvement Achaâb», a déclaré, dimanche 22 mai, qu’il avait rendez-vous le lundi 23 mai, c’est-à-dire hier, avec le Président de la République mais sans préciser sur quoi portera la rencontre.
Sami Ben Youssef
11 octobre 2022 à 20:51
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