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TOURNOI DE KIRI | Un meilleur visage

En battant le Chili en demi-finale grâce à deux buts de belle facture, les Aigles de Carthage ont vite et bien réagi après le faux pas inattendu devant le Botswana.

On ne peut, bien sûr, que se montrer satisfaits de la belle victoire du onze de Tunisie sur le Chili, un adversaire qui n’est pas parvenu à obtenir son billet pour la Coupe du Monde 2022. Ce fut donc une jolie performance qui nous a mis du baume au cœur et nous a un peu réconciliés avec notre sélection, décevante devant les Botswanais. Face au Chili, la belle manière avec laquelle les deux buts de ce succès ont été construits et inscrits est le principal indice et fait saillant de cette bonne réaction rapide et de cette première réponse convaincante sur le terrain aux critiques et au tas de points d’interrogation avant le départ pour le Japon. Pour autant, il ne faut pas s’empresser de faire de cette excellente performance une prestation référence car Jalel Kadri et ses joueurs seront devant la nécessité, voire l’obligation demain de confirmer ce renouveau en finale contre le Japon qui n’a pas fait dans la dentelle contre le Ghana corrigé (4-1).

Des leçons retenues

L’échec face au Botswana a fait beaucoup réfléchir le sélectionneur national sur ses choix qui n’étaient pas très pointilleux et sur son coaching qui a parfois été trop approximatif et a manqué de perspicacité et de réussite. Jalel Kadri a certainement fait son mea-culpa, évitant par là même de trop presser ses joueurs. Celui a permis de bien revoir sa copie et de rectifier pas mal de choses au niveau de la formation de base, de l’ossature de son équipe et du système de jeu qui doit convenir le mieux à l’effectif qu’il a sous la main. Une réaction à temps surtout que les rumeurs circulaient concernant son imminent  remplacement à la tête de la sélection sans qu’un démenti officiel, qu’il attendait comme un soutien, ne vienne y couper court. Pour cette demi-finale contre le Chili, ses nouveaux choix et ses réajustements vont réussir pleinement  avec moins de risques, moins de philosophie dans le casting de départ et de gestion du groupe. Ce sont les meilleurs à leurs postes qui ont débuté  et les joueurs jokers comme Hannibal Mejbri et Issam Jebali qui ont été laissés pour être utilisés en cours de match selon la physionomie et le résultat de la première période. Sa première décision bien à sa place a été d’accorder une chance à Aymen Dahmen dans les buts pour que la concurrence joue à fond avec Bechir Ben Saïd. Pari réussi puisque le portier numéro deux sur la liste va prouver qu’il mérite le statut de numéro un avec deux arrêts réflexes décisifs et un penalty stoppé avec assurance et avec beaucoup de métier.  Sa seconde décision qui a porté ses fruits a été la réorganisation de la base arrière chambardée sans succès devant le même Botswana avec une défense toujours à quatre mais remaniée. Retour de Mohamed Drager sur le côté droit et confiance maintenue en Ali Abdi,  comme excentré gauche. Les deux latéraux ont fait ainsi une très bonne prestation et ont donné l’apport qu’on attendait d’eux sur le plan offensif. Mohamed Drager, qui n’a pas digéré d’avoir été laissé au repos le match d’avant, a fait comprendre qu’il est toujours le titulaire du couloir droit. Il a été derrière la dernière passe décisive des deux buts. Centre millimétré au second poteau pour justement Ali Abdi qui n’avait qu’à conclure d’une jolie tête plongeante ( 41’) et passe en retrait précise dans les 6 m 50 pour Issam Jebali qui n’avait qu’à pousser du plat du pied le cuir derrière la ligne du but ( 89’) et tuer le match. Ali Abdi, lui, a prouvé qu’il mérite bien sa place en sélection pas comme défenseur polyvalent qui peut évoluer aussi à droite, côté où il a plutôt erré comme une âme en peine, mais  comme latéral gauche, sa zone de prédilection où il peut donner le surnombre et le plus en phase d’attaque et être le buteur inattendu qui jaillit de l’arrière (1er but décisif qui va donner le ton à la partie et ouvrir la voie du succès). Le retour à la paire Talbi-Ghandri, comme formule de charnière centrale plus sécurisante en couverture, a permis cette plus grande liberté de manœuvre et cette explosivité de Drager et de Abdi sur leurs couloirs respectifs. 

Milieu à trois et bloc compact

L’option pour un milieu avec trois récupérateurs,  avec un Issa Laidouni comme plaque tournante dans le poste de sentinelle et le duo Fejani Sassi-Mohamed Ali Ben Romdhane comme demis de soutien défensif en phase de repli et comme joueurs de projection vers l’avant en phase offensive, a consolidé le bloc équipe et a favorisé la transition rapide et le jeu dans le dos de l’adversaire emporté vers l’avant. Ce qui a permis le jeu à une touche de balle et les actions collectives à quatre comme celle du premier but (Sliti-Sassi-Drager-Abdi ). Un bloc équipe aussi compact et aussi serré est notre principale arme pour limiter les espaces et contrecarrer le travail d’approche et de transition rapide d’équipes très techniques et qui ont de la variété en talents créateurs au milieu et en  attaquants redoutables finisseurs en pointe. Ce schéma en 4-3-2-1 est celui qui sied et qui réussit le plus à l’équipe de Tunisie devant des adversaires de haut niveau et de gros calibre comme la France et le Danemark que nous allons rencontrer lors de la première phase en Coupe du monde Qatar 2022 . Un système avec une seule pointe avec un Seïfeddine Jaziri, qui doit mettre les bouchées doubles pour ne  pas se faire doubler et perdre son statut de premier postulant à ce poste avec un Issam Jebali qui a montré ses qualités de buteur (un but refusé injustement et un deuxième validé) et qui , grâce à son grand gabarit, son flair et sa rapidité d’exécution dans la zone de vérité adverse, a le bon profil du numéro 9 classique qui rate rarement les belles opportunités de scorer. C’est ce même système de jeu qu’on doit conserver et roder contre des Japonnais au jeu très rapide, très mouvementé, très varié,  pour leur tenir la dragée haute et essayer de les faire douter de leurs capacités et de leur suprématie avant de les piéger et de les surprendre.  C’est du résultat de ce duel qu’on aura confirmation si Jalel Kadri et sa bande ont bel et bien retrouvé leur vrai visage et leur football conquérant et se sont bien remis sur les rails après qu’on a senti qu’ils ont perdu un peu les boussoles.

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