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Tribune | Le MIAREM pour restaurer les herbiers sous-marins de posidonie : Un projet tuniso-italien innovant

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Par Dr Rym Zakhama-Sraieb *

En Méditerranée, la posidonie ou « Dhrii » en dialecte tunisien subit de plein fouet les effets des activités humaines. Pourtant, de nombreux Tunisiens ignorent son rôle-clé pour l’économie du pays. Cette plante marine, confondue souvent avec les algues, joue le rôle crucial d’une forêt sous l’eau en servant de nurserie et d’habitat à de nombreuses espèces marines d’intérêt économique, en protégeant les rivages de l’érosion, en produisant de l’oxygène et en stockant du carbone.

L’herbier de posidonie est l’écosystème emblématique de la Méditerranée. Posidoniaoceanica est à la fois espèce-clé et ingénieur d’écosystèmes marins. L’herbier joue un rôle écologique et économique majeur en Méditerranée, qui n’est probablement égalé par aucun autre écosystème marin, hormis les récifs coralliens. Ces forêts sous-marines, présentes au niveau de nos côtes de la surface et jusqu’à 50 mètres de profondeur, servent d’abri à de nombreuses espèces de poissons d’intérêt économique. Les feuilles de posidonie contribuent aussi à casser les vagues et ainsi à préserver le littoral de l’érosion. Un mètre carré d’herbier produit de 10 à 14 litres d’oxygène par jour. C’est un pôle de biodiversité, 20 à 25% de la faune et la flore de la Méditerranée ont été observées dans les herbiers de posidonie. Grâce à la matte, structure faite par l’entrelacement de rhizomes et de racines compactées par les sédiments, les herbiers stockent de grandes quantités de carbone. Les herbiers, qui absorbent trois fois plus de carbone qu’une forêt terrestre, peuvent ainsi en fixer de grandes quantités sur des milliers d’années atténuant ainsi l’impact du changement climatique. La posidonie est donc une alliée du secteur touristique (14 % du PIB) et des pêcheurs (150 .000 emplois directs).

« Cet écosystème est aujourd’hui menacé et une régression massive de 30% des herbiers a été observée durant les 50 dernières années en Méditerranée », constate Dr Mohamed Gtari de la faculté des Sciences de Tunis. En Tunisie, une régression importante de ces herbiers a été observée au niveau des différentes côtes et en particulier le golfe de Gabès à cause de la pêche illicite (chalutage sur les herbiers) et de la pollution chimique.

Fort de ce constat, le projet Miarem “Méthodologies innovantes et actions de renforcement pour protéger l’environnement méditerranéen”, qui s’étale sur deux ans à partir d’octobre 2021, propose des activités visant en premier lieu à l’étude et la caractérisation des zones des herbiers de posidonie dégradées entre Bizerte et Monastir, afin de choisir un site pilote pour tester la réimplantation des posidonies. En second lieu, la zone choisie d’un hectare sera restaurée et suivie durant une année en utilisant des techniques innovantes développées par nos partenaires italiens, nous explique Dr Fatma Trabelsi de l’Ecole supérieure des ingénieurs de Medjez El Bab.

Le projet Miarem est porté par l’Agence régionale de la protection de l’environnement de Sicile (Arpa Sicile) et six partenaires, dont trois tunisiens : faculté des Sciences de Tunis (FST), Institut supérieur de biotechnologie (Isbst) et l’école supérieure d’ingénieur de Medjez Elbab ; et trois italiens : l’Université de Catane (UNI CT), Mediterraneo Consulting srl (MED CONS) et Flag Golfi di Castellammare e Carini. En outre, le projet implique plusieurs partenaires associés, l’Agence de protection et d’aménagement du littoral (Apal), l’Association notre grand bleu (NGB) et l’Association de développement et de préservation de l’environnement et du patrimoine (Adep) qui contribueront aux activités en favorisant la réussite de la restauration des herbiers de posidonie.

Le vendredi 3 juin 2022 a eu lieu une journée d’information sur le projet Miarem réalisé dans le cadre du programme de coopération transfrontalière IEV « Italie-Tunisie » 2014-2020, cofinancé par l’Union européenne. Miarem répond à l’objectif thématique du programme «Protection de l’environnement et adaptation au changement climatique» et à la priorité «Actions communes pour la protection de l’environnement».

R.Z.S.

(*) Experte en écologie marine de l’Institut supérieur de biotechnologie de Sidi Thabet

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