• Sami Tahri souligne : «Le risque, c’est l’émergence d’un Etat parallèle et cela nous ne pouvons pas l’accepter. Le Front du salut ne peut pas sauver la Tunisie. Il va au contraire aggraver la crise»
• Ridha Belhaj, membre du Front du salut, accuse Sami Tahri et ceux qui sont derrière lui «d’avoir cherché à adhérer au coup d’Etat opéré par Kaïs Saïed»
Combien faut-il de mises en garde, de déclarations, d’affirmations, de discours, voire de motions rédigées noir sur blanc de la part des syndicalistes de la Place Mohamed-Ali pour que les instigateurs du Front du salut, Néjib Chebbi, Samir Dilou, en premier lieu, comprennent que l’Union générale tunisienne du travail (Ugtt) de Farhat Hached, de Habib Achour et d’Ahmed Tlili n’acceptera jamais de se placer sous la coupe des nahdhaouis qui mènent en cachette (mais tous les Tunisiens le savent) le Front du salut, dirigé publiquement par Néjib Chebbi mais recevant, en réalité, les instructions du parti nahdhaoui.
Dimanche 12 juin, l’Ugtt, par la voix de Sami Tahri, secrétaire général-adjoint et porte-parole de la Centrale syndicale ouvrière, l’a redit pour la énième fois: «L’Ugtt ne se placera jamais sous la coupe de Néjib Chebbi et de ses compagnons qui cherchent, vainement, à profiter des désaccords qui nous opposent au Président Kaïs Saïed et au gouvernement Najla Bouden pour souffler sur les braises et instrumentaliser l’organisation au profit de leurs desseins politiques».
Sami Tahri est encore plus explicite en soulignant, à Gafsa, devant les cadres de l’Ugtt : «Le blocage des négociations avec le gouvernement ne signifie pas que l’Ugtt fait front avec ceux qui ont d’autres agendas».
Il ajoute : «Si l’Ugtt voulait une grève politique, il n’aurait pas peur de l’assumer publiquement».
Donc, les choses sont claires : les syndicalistes ont fini par briser les derniers rêves du Front du salut et ont courageusement annoncé qu’ils n’avalisaient pas les positions de Néjib Chebbi et de ses amis, qu’ils dénoncent et démentent publiquement les informations répandues par le Front selon lesquelles l’Ugtt aurait accordé son soutien à la formation d’un gouvernement parallèle.
Noureddine Taboubi, secrétaire général de l’Ugtt, clame haut et fort : le Front du salut ne peut pas sauver la Tunisie. Il va au contraire aggraver la crise et faire basculer le pays dans la division.
L’Ugtt ne cesse, en effet, de marteler qu’il était hors de question de retourner en arrière et qu’il fallait conduire autrement le processus du 25 juillet 2021.
Et même si les syndicalistes ont refusé de prendre part au Dialogue national selon la formule proposée par le Président Kaïs Saïed, ils n’ont jamais, comme le répandent injustement les dirigeants du Front du salut, soutenu les solutions que propose le Front dont, en particulier, le retour du parlement dissous et la formation d’un gouvernement parallèle.
Les syndicalistes assurent : «Le risque ou le danger auxquels la Tunisie est confrontée, c’est l’émergence d’un Etat parallèle et cela nous ne pouvons pas l’accepter».
«Ils ont été rejetés par Kaïs Saïed»
Et comme prévu ou attendu, les dirigeants du Front du salut n’ont pas tardé à répondre vigoureusement aux déclarations de Sami Tahri.
Me Ridha Belhaj, ancien directeur du cabinet du président défunt Béji Caïs Essebsi et actuel membre du Front du salut, ne mâche pas ses mots pour dire textuellement: «Sami Tahri qui n’était pas encore né quand Néjib Chebbi défendait la démocratie et l’indépendance de l’Ugtt et ceux qui sont derrière lui (c’est-à-dire les autres membres du bureau exécutif de l’Ugtt conduits par le SG Noureddine Taboubi) ont cherché à adhérer au coup d’Etat, sauf qu’ils ont été rejetés par Kaïs Saïed».
Ridha Belhaj précise encore : «Sami Tahri n’apprécie pas que le Front du salut soit devenu un facteur important de l’échiquier politique».
Quant à Samir Dilou, ex-membre influent d’Ennahdha et membre actuel du Front du salut, il s’est invité à la polémique nationale née à la suite de la révocation par le Président Kaïs Saïed de 57 juges pour «présomptions de corruption et de dépravation».
Il souligne : «Il n’est pas possible de rester silencieux face aux actes du Président contre le Parlement et la justice. Si rien n’est fait, Saïed finira par frapper la société civile, en premier lieu l’Ugtt et les médias».