« Certes, le recours à la grève n’est guère un choix, mais ce qui s’est passé le 13 juin confirme que le gouvernement n’opte pas pour des solutions appropriées », affirme Othmane Jallouli, secrétaire général de la Fédération générale de la santé relevant de l’Ugtt.
Hier, depuis le petit matin, l’avenue des Etats-Unis, où siège provisoirement l’Ugtt, était complètement fermée à la circulation automobile. Le cordon sécuritaire, formé pour quadriller le grand rassemblement syndicaliste, n’autorise que le passage des sympathisants et partisans de la grève générale décrétée dans le secteur public, suite à l’échec des négociations entre le gouvernement et la centrale syndicale. En fait, tout le pays a été paralysé par un débrayage intempestif qui aurait dû être annulé. Sauf qu’un bras de fer avait poussé le bouchon un peu loin !
Promesses et contre-vérités !
Sur fond d’ovations et de slogans scandés à répétition, le secrétaire général de l’Ugtt, Noureddine Taboubi, est sorti vainqueur, tant il est vrai que son dernier mot l’a emporté et sa grève décidée, depuis deux semaines, a été finalement maintenue et réussie. D’ailleurs, ce fut, à ses dires, la 46e dans l’histoire de l’organisation ouvrière depuis sa fondation en 1946. Tantôt enthousiaste, tantôt déchaîné, Taboubi a dit ce qu’il avait sur le cœur. Revenant sur la teneur des dernières négociations, il a tout bonnement démenti le gouvernement Bouden, qualifiant ses déclarations d’allégations mensongères. « Et les chiffres qu’il avait, alors, communiqués sur l’accord du 6 février 2021 sont quasiment erronés. Nous n’avons pas demandé de majorations dans le secteur public, mais plutôt l’amélioration du pouvoir d’achat », indique-t-il. Sans pour autant oublier d’insister sur le retrait de la circulaire n° 20 relative aux négociations avec les syndicats, mettant en avant le droit à la grève.
Devant un parterre d’adhérents et de sympathisants issus de tous les horizons, le numéro un de la centrale syndicale a proféré des contre-vérités politiques et des promesses syndicales visant la promotion sociale des travailleurs. En quelque sorte, il a voulu dire que bien qu’un round de négociations ait été perdu, la bataille des droits sociaux et économiques devrait être, tôt ou tard, gagnée. Cette grève générale est-elle politique ? « La juger ainsi n’est qu’une accusation montée de toutes pièces. Car, même si c’était le cas, nous n’avons peur de personne », réplique Sami Tahri, secrétaire général adjoint de l’Ugtt, invoquant plutôt des raisons purement socio-économiques. « On a le droit de défendre, en tout lieu et en tout temps, les revendications des travailleurs », martèle-t-il. Et d’ajouter que l’affluence, hier, des adhérents vers le siège de l’Ugtt est, en soi, une réponse claire aux allégations du gouvernement.
La grève n’est guère une solution !
Cela dit, en retour, la réquisition à laquelle a recouru le gouvernement pour assurer le minimum de services publics n’a pas, semble-t-il, porté ses fruits. Et Tahri de révéler qu’il n’y avait pas eu de négociations après celles du 13 juin. Toutefois, réaffirme-t-il encore, l’Ugtt est toujours ouverte à la reprise des négociations. «Si le gouvernement ne retourne pas à la table des négociations, il y aura, s’il le faut, d’autres mouvements de protestation », menace-t-il. Mais, comme le prétendent certains, y aura-t-il encore plus pire ?
« Certes, le recours à la grève n’est guère un choix, mais ce qui s’est passé le 13 juin confirme que le gouvernement n’opte pas pour des solutions appropriées », dénonce Othmane Jallouli, secrétaire général de la Fédération générale de la santé relevant de l’Ugtt.
Et maintenant que les dés sont jetés, le gouvernement Bouden devrait saisir le message et revenir à la table des négociations, espère-t-il. La balle demeure dans le camp du gouvernement.