En une année, la Tunisienne a brisé le tabou et s’est installée confortablement dans la crème de la hiérarchie mondiale. Du talent, du cœur et beaucoup de progrès.
La saison 2021 et surtout 2022 marquent une métamorphose profonde et indiscutable de la carrière de Ons Jabeur. Elle passe d’une joueuse talentueuse «outsider» et qui se fait très heureuse d’être au Top 30, à une autre joueuse toujours aussi talentueuse, mais favorite, «gagneuse» et qui réussit à devenir la 3e joueuse au monde. Une sorte de miracle sportif pour notre joueuse qui a réussi en 2 ans à rattraper le retard et le temps perdu (depuis sa victoire à Roland-Garros Junior). Mieux, elle a pu s’améliorer physiquement et mentalement depuis la saison 2019 où on remarque qu’à part son talent et son tennis complet et somptueux, elle a travaillé sur elle pour obtenir les détails qui l’empêchaient avant de gagner. Certes, la contre-performance à Roland-Garros a été dure à digérer, mais notons qu’aucune joueuse au monde ne peut être toujours au meilleur de sa forme. Même les grandes championnes peuvent faire un ratage sur un tournoi. Si l’on prend son évolution depuis la saison 2020 et 2021, on en déduit vite que beaucoup de choses ont changé chez Ons Jabeur.
Gagner des titres
L’obsession du classement WTA ne doit pas empêcher Ons Jabeur de penser plus à gagner des tournois. Finaliste malheureuse lors de plusieurs tournois WTA 500, elle a souvent calé mentalement avec ces fautes directes et cet emportement qui lui ont coûté cher. Trois tournois de gagnés dans son palmarès, c’est peu par rapport à ce qu’elle vaut actuellement sur le circuit. Sur gazon (une surface qui sied beaucoup à son style de jeu), sur surface rapide ou sur terre battue, Ons peut facilement garnir encore plus son palmarès en victoires. C’est ce qui compte le plus. Cela lui permet surtout d’oublier les finales perdues, et la pousse au classement et met la pression sur ses adversaires.
En deux ans, on a remarqué également des progrès tangibles dans le jeu de Ons Jabeur. Un service beaucoup plus imposant (sa première balle lui a permis de déstabiliser Guff puis Bencic à Berlin) et plus régulier, des balles plus lourdes, un amorti qui devient spécialité de la maison, une maîtrise de nerfs remarquable et moins d’affolement et aussi cette aptitude à diversifier ses coups selon l’adversaire et à mettre sa touche sur ses victoires. Ce que présente Ons Jabeur comme tennis est si différent des autres joueuses même les meilleures du circuit. C‘est un autre type de jeu, plus solide, plus raffiné et plus efficace. Actuellement, ce jeu est dans sa phase de maturité. Ce n’est plus une surprise ou des prouesses isolées dans le temps, c’est un fait, une réalité qui permet à la Tunisienne de regarder toujours plus haut. C’est un phénomène sportif où le talent, le cœur, le mental et le physique œuvrent et synchronisent ensemble.
Seule Swiatek, l’intouchable n°1 au monde, peut avoir une supériorité sur Ons Jabeur (à confirmer sur gazon cette année), le reste des joueuses est aujourd’hui à un rang inférieur sur le papier. C’est cela la plus importante et louable des réalisations de la Tunisienne qui doit y croire davantage.
Elle a rejoint le rang des meilleures joueuses au monde en s’installant confortablement. Une juste récompense à un talent fou très mal géré pendant des années !