• Les participants à la réunion de la commission administrative nationale délèguent au bureau exécutif le droit de fixer la date de la grève générale
• Du côté de l’Ugtt, on laisse entendre la disposition des syndicalistes à reprendre le dialogue à condition que le gouvernement consente à appliquer les accords déjà signés
Comme l’on s’y attendait, la réunion de la commission administrative nationale de l’Union générale tunisienne du travail (Ugtt) tenue à Hammamet les dimanche 26 et lundi 27 juin a été couronnée par la décision d’observer une grève générale dans la fonction publique (les ministères) et dans le secteur public (les établissements et les entreprises relevant de ces mêmes ministères).
«La date à laquelle sera observée la grève en question sera définie dans les jours à venir», a indiqué, hier, Noureddine Taboubi, secrétaire général de l’Ugtt, à l’issue de la clôture des travaux de la commission administrative nationale.
Il ajoute : «Ce sont les membres de la commission administrative nationale qui ont convenu du principe de la grève générale de la fonction et du secteur publics et qui ont légué au bureau exécutif de l’Ugtt le droit d’en fixer la date».
Et s’il y a une première constatation à faire en essayant d’opérer une première lecture de la déclaration du secrétaire général de l’Ugtt, elle concerne la décision des participants à la rencontre de Hammamet de décréter une grève générale qui sera suivie par les salariés de la fonction publique et aussi par les salariés du secteur public (ce qui correspondra à plus d’un million et cinq cent mille travailleurs), alors qu’on s’attendait à ce que la décision de la grève générale qui était au programme de la commission administrative concerne uniquement les salariés de la fonction publique dans la mesure où ceux du secteur public ont déjà observé une grève générale le jeudi 16 juin. Une grève qui a enregistré un taux de participation de plus de 96% comme annoncé par Noureddine Taboubi.
Une deuxième constatation: Noureddine Taboubi parle d’une décision de la part de la commission administrative nationale alors qu’on prévoyait, selon l’ordre du jour de la commission, que les participants entérinent la décision du groupement professionnel de la fonction publique (qui a déjà décidé de la grève générale de ses adhérents) comme ce fut le cas pour la décision du groupement professionnel du secteur public.
La main tendue de l’Ugttt mais…
Quels messages pourrait-on saisir de la décision de l’Ugtt de faire débrayer prochainement ensemble les travailleurs de la fonction et du secteur publics et quelle signification pourrait-on retenir des déclarations de Sami Tahri, secrétaire général adjoint et porte-parole de l’Ugtt, qui assurait à la veille de l’ouverture des travaux de la rencontre de Hammamet que la centrale syndicale ouvrière reste toujours ouverte au dialogue avec le gouvernement et prête à s’inscrire dans un nouveau round de négociations avec pour objectif principal l’application des accords déjà signés le 6 février dernier ?
Est-il besoin de relever que les syndicalistes sont en colère non seulement pour avoir été considérés par le Président Kaïs Saïed comme de simples participants au dialogue national au même rang que le parti de la coalition pour la Tunisie âgé d’à peine 6 ou 7 mois, mais aussi de voir le gouvernement faire la sourde oreille à leurs revendications exprimées le 16 juin dernier à l’occasion de la grève générale des salariés du secteur public.
Peut-on aussi comprendre que l’Ugtt, en décidant de ne pas fixer, hier, la date de la grève générale des salariés de la fonction et du secteur publics, laisse en réalité la porte ouverte au dialogue avec le gouvernement et aussi l’opportunité aux médiateurs de poursuivre leurs tentatives de conciliation entre les palais de Carthage et de La Kasbah d’une part et la place Mohamed-Ali d’autre part.