L’institut de sondage, One to One for Research and Polling, a organisé, lundi, une rencontre afin de présenter les résultats de la cinquième vague de l’Afrobaromètre sur l’égalité des chances et la violence faite aux femmes.
Pour ce qui est des droits des femmes, 56% des sondés indiquent que la violence sexiste est l’enjeu le plus important, viennent ensuite l’inégalité des chances ou des salaires dans le milieu professionnel (pour 17% de Tunisiens) et l’inégalité d’accès à l’éducation (pour 8%). Par ailleurs, 7% des Tunisiens affirment que trop peu de femmes occupent des postes d’influence dans le gouvernement, alors que 5% indiquent qu’il existe une inégalité des droits de propriété et d’héritage.
Pour plus de la moitié des Tunisiens, la violence basée sur le genre doit être la question prioritaire dans le domaine de l’égalité des genres pour le gouvernement et la société tunisienne. Ce taux passe à 60% chez les femmes. Environ la même proportion des répondants (52%) affirme que la violence physique exercée sur les femmes est «très courante» ou «assez courante». Ce taux augmente au Nord-Ouest (66%), dans le milieu urbain (55%) et parmi les plus pauvres (69%).
Prise au sérieux par la police ?
Si une femme s’adresse à la police pour signaler avoir été victime de violence fondée sur le sexe, par exemple, pour signaler un viol ou une violence physique de la part de son mari, dans quelle mesure est-il probable ou improbable que les choses suivantes se produisent. Son cas sera-t-il pris au sérieux par la police? A cette question, 83% des citoyens estiment qu’il est «très probable» ou «assez probable» que la police prenne au sérieux les femmes signalant des incidents de violence conjugale, alors que près de trois quarts des Tunisiens (soit 74%) pensent qu’il est probable que le signalement d’incidents de violences conjugales à la police expose la victime aux critiques, au harcèlement et à l’humiliation des membres de sa communauté.
Alors que la philosophie de la loi organique contre l’élimination des violences faites aux femmes considère que la violence à l’encontre des femmes n’est plus une question privée, mais une question qui concerne l’Etat, près de 7 Tunisiens sur 10 (soit 69%) pensent que la violence domestique est un problème privé qui doit être géré au sein de la famille. Par ailleurs, 17% des hommes contre 10% des femmes légitiment, dans certains cas, «le châtiment» physique de l’épouse. Ces résultats appellent les décideurs et les parties prenantes à accorder la priorité à la question de la violence basée sur les genres et révèlent la nécessité d’un changement dans les mentalités.
Pour rappel, Afrobarometer est un réseau panafricain et non-partisan de recherche par sondage qui révèle des données fiables sur les expériences et appréciations des Africains relatives à la démocratie, à la gouvernance et à la qualité de la vie. Huit rounds d’enquêtes ont été réalisés dans un maximum de 39 pays depuis 1999. Les enquêtes du Round 9 (2021/2022) sont en cours. Afrobarometer réalise des entretiens face-à-face dans la langue du répondant avec des échantillons représentatifs à l’échelle nationale.