Il était temps de mettre un terme à une expérience et à une dérive qui ont beaucoup nui à nos clubs et à notre football.
Si bon nombre de nos clubs sont aujourd’hui au bord de la faillite financière et sont incapables de redresser une situation devenue lamentable et catastrophique, c’est en grande partie en raison de la décision précipitée et unilatérale prise il y’a quelque temps par le Bureau fédéral de sortir carrément les joueurs de nationalité des pays appartenant à l’Unaf (Algérie, Maroc, Egypte et Libye) du quota limité des joueurs seniors étrangers autorisés à figurer dans l’effectif des clubs de la Ligue 1. Cette décision a ouvert la voie à la solution de facilité qu’est le recours au recrutement en masse, presque pêle- mêle, sans garde-fous suffisants des joueurs venus de ces pays aux dépens des jeunes joueurs tunisiens qui ont atteint l’âge seniors et méritent de monter en grade et d’accéder au statut de titulaires et de gagner tôt en maturité et en expérience pour former l’ossature de nos équipes. Au point que le onze rentrant de base de pas mal d’équipes était composé de 8 joueurs sur 11 de nationalité autre que tunisienne (3 joueurs étrangers + 5 joueurs des pays de l’Unaf). Anormale dès le départ, cette décision s’est confirmée aberrante et nuisible par la suite quand nos clubs sont entrés dans un cycle infernal d’endettement et de litiges quasi insolubles auprès de la FTF et de la Fifa avec des sanctions-couperets allant jusqu’à l’interdiction de recrutement pour des années, des problèmes d’administration et de gestion. Quand on voit des clubs comme le CA, le CSS et l’ESS, sans oublier les autres du ventre mou du classement et du bas du tableau, pratiquement sur les rotules financièrement et administrativement, on comprend l’immensité des dégâts et du gâchis. Alors qu’auparavant, on se bousculait au portillon pour prendre les rênes du pouvoir de ces clubs qui ont une très bonne assise populaire, aujourd’hui il n’y a plus de candidats preneurs, prêt à assumer la responsabilité de diriger ces clubs ruinés, qui sont en train de s’écrouler comme un château de cartes
Réalisme et retour à la raison
Si certains pensent que la décision prise récemment de limiter le nombre total des joueurs étrangers seniors y compris ceux de l’Unaf à 6 pour la saison sportive 2022/2023 (qui peuvent être dans l’effectif et figurer dans les 20 sur la feuille de match avec un seuil de 4 joueurs pouvant évoluer en même temps tout au long de la partie), est un pas courageux et judicieux même tardif pour dégraisser les dépenses et arrêter l’hémorragie et la fuite en avant, d’autres croient que ce n’est pas assez musclé et pas assez fort, voire insuffisant pour avoir des résultats très rapides en vue d’éviter le naufrage. Ce n’est, en effet, que lors de la saison 2023/2024 que la barre des joueurs seniors de nationalité étrangère sera fixée à 4 seulement. A une opération coup de force, la Fédération a préféré une révolution de velours progressive. Le nombre de joueurs des pays de l’Unaf encore sous contrat est encore important dans notre championnat et il était impossible d’imposer des résiliations unilatérales massives de contrats qui seraient coûteuses pour les clubs. Le club qui possède plus de 6 joueurs étrangers encore sous contrats n’est plus autorisé à recruter sauf s’il parvient à résilier à l’amiable les contrats dépassant le seuil autorisé. Ainsi, une période de grâce intermédiaire et jugée nécessaire d’une saison est accordée aux clubs pour revenir à 4 joueurs étrangers maximum, ce qui est quand même un nombre encore élevé surtout si l’on tient compte que les joueurs étrangers de moins de 21 ans (natifs 2002, 2003, 2004 et 2005, âge Elite et juniors) qui peuvent évoluer en équipe seniors n’entrent pas dans ce quota des 6
Confiance et priorité aux jeunes talents
Il appartiendra à nos clubs de prendre l’initiative et de faire leur propre lessive en limitant au maximum le recrutement des jeunes joueurs étrangers de moins de 21 ans et de faire confiance et de donner priorité à des joueurs issus de leur écoles et de leurs centres de formation qui se sont distingués dans la phase du Play-off. Les gardiens Aymen Dahmen Béchir Ben Saïd, Noureddine Farhati et Sedki Debchi, les défenseurs Mohamed Nasraoui, Alaâ Ghram, Mahmoud Ghorbel, Mohamed Saghraoui, Houcem Dagdoug, Amor Bouraoui, Hichem Baccar, Chawki Ben Khedher, Nour Ezzamen Zamouri, les milieux Faress Neji, Chadi Hammami, Walid Karoui, Waddhah Zaidi, Aymen Harzi, Mohamed Dhaoui, Mohamed Ali Ben Romdhane, Ghaylène Châalali, Haykel Chikhaoui, Yassine Amri et Ahmed Khalil, les attaquants Adem Garreb, Youssef Abdelli, Mohamed Ali Ben Hammouda et Hamdi Laâbidi, pour ne citer qu’eux et à titre d’exemple, ont montré qu’on peut jouer un championnat de bon niveau, avec des ossatures d’équipes composées de joueurs tunisiens, à chances égales entre bon nombre d’équipes. C’est en tout cas bien meilleur qu’un championnat où un club fait pratiquement cavalier seul grâce au nombre important et disproportionné, par rapport à celui d’autres clubs, de joueurs de nationalité autre que tunisienne. Avec davantage de confiance à nos jeunes talents qui n’apparaîtront plus par intermittence lors des matches pour pallier des défaillances et colmater des brèches, mais ancrés comme éléments- clés et réguliers du dispositif. Le tout avec moins de dépenses massives pour des recrutements à tort et à travers de joueurs étrangers, avec des budgets de mieux en mieux bridés et de plus en plus réalistes pour les joueurs locaux pour dégraisser les rémunérations (salaires et primes de matches), avec une politique de solidarité active entre FTF et clubs pour éponger les lourdes dettes du passé. Voilà la vraie et seule voie de sagesse pour une sortie réelle de crise et une réelle opération de sauvetage de notre football professionnel plus que jamais face à un avenir des plus incertains, pour ne pas dire sombre et alarmant.