Nul besoin de verser dans l’art de la divination pour imaginer à quel point ceux qui ont détruit le pays et ses richesses et l’ont mené à la banqueroute ont sorti la grande artillerie pour torpiller le nouveau processus démocratique et empêcher l’avènement d’une nouvelle République.
Si d’aucuns agissent à visage découvert, d’autres ont recours à des procédés plus tortueux. En effet, la peur de voir la nouvelle constitution passer malgré les actions politiques, les rassemblements et les manifestations qui n’ont pas réussi à mettre en branle la population qui reste toujours sceptique quant aux intentions de cette classe politique qui a échoué dans le passé, des mercenaires de la Toile sont recrutés pour mener des attaques informatiques contre la plateforme de l’Isie en vue d’usurper les identités de quelques personnalités et de perturber les registres numériques des électeurs. L’objectif est de discréditer le scrutin du référendum, craignant que l’issue du vote ne soit favorable.
C’est ainsi qu’après les cyberattaques enregistrées contre la plateforme sur la consultation nationale qui ont dépassé les cent mille, c’est au tour de la plateforme de l’Isie de connaître le même sort. Déjà, près de 1.700 attaques ont été déjouées. Bien que Farouk bouasker, président de l’Isie, ait confirmé ces attaques tout en minimisant leur nombre, il est fort probable que ces attaques gagnent en intensité les jours qui viennent. De ce fait, la vigilance est de mise et la promptitude de nos geeks est recommandée pour contrecarrer toute tentative belliqueuse. Jusque-là, la peur qui étreint les opposants au projet de Saïed est compréhensible, mais le risque de se laisser emporter par l’envie de vaincre non pas à travers les urnes mais par des moyens détournés, fait planer l’ombre de nouveaux procès avec des chefs d’inculpation plus graves pouvant entraîner des peines lourdes.
Mais le plus grave est de continuer à voir toujours les mêmes se déchirer, même après le scrutin. D’autant que n’émerge aucune autorité morale susceptible d’apaiser les tensions entre les protagonistes. Pour les uns et les autres, il est difficile de faire machine arrière.
On craint de voir notre pays se transformer en un vaste théâtre d’ombres, inextricable écheveau d’ego hantés par la haine, la rancune, à force d’alliances éphémères et souvent contre nature, de trahisons et d’humiliation répétées. Dans ce cas, ce sera un retour à la case départ. Et comme il y a tellement de feux à éteindre, de nœuds à dénouer, la Tunisie restera otage d’une classe politique qui ne parvient pas à se régénérer et des comptes que cette dernière s’échine à vouloir solder. Reste à miser sur la sagesse des Tunisiens qui n’ont à l’évidence guère envie de renouer avec les démons du passé et d’être, de nouveau, manipulés au nom de viles ambitions. Ils sont déterminés à en finir avec cette politique politicienne qui continue de se jouer dans des villas cossues, entre chiens et loups, avec l’espoir ténu de déborder dans la rue. Le peuple, seul dépositaire de sa souveraineté, dira son mot. Et quelle que soit l’issue du vote, il faudra se plier à la volonté populaire.