A quelques exceptions près, les ministres qui sont passés à la tête du ministère de l’Education ont beaucoup plus servi les intérêts de leurs partis ou leurs ambitions personnelles que ceux du pays ou des jeunes générations.
C’est ainsi que nous avons vu passer des gauchistes, des nationalistes arabes, des anarchistes et autres espèces politiques du même acabit. Promouvoir l’école et relever les défis c’était leur dernier souci. Les différents programmes élaborés ne prenaient jamais forme. Les gouvernements qui se succédaient les ignoraient et repartaient à zéro. De ce fait, on tournait en rond faute de véritable stratégie.
Revenir aux fondamentaux
On a pu le constater à travers le blocage systématique de toutes les tentatives de réforme du système éducatif et d’enseignement. Ce blocage persiste encore malgré des volontés sincères de sortir de l’impasse.
En reparlant, aujourd’hui, du retour aux écoles normales supérieures, on se replace sur la bonne voie. Mais, on ne pourrait, en aucun cas, avaliser l’idée d’un Conseil supérieur de l’éducation. Ce rejet, nous l’avons justifié dans un article publié dans notre journal le 8 mai 2021.
Pour le premier sujet, nous savons que le retour à des formules proches des écoles normales sup. a pu voir le jour, à l’instar des Isfm (Instituts supérieurs de formation des maîtres), puis la création d’une filière dans l’enseignement supérieur chargée de former des enseignants. L’avantage c’est de parvenir à former des cadres prêts à entrer en action et non à recruter des diplômés du supérieur non préparés à cette mission. C’est, malheureusement, le cas aujourd’hui. Il existe des milliers d’enseignants dans cette situation. Leur impréparation, leur manque d’encadrement et de formation les rend inefficaces et incapables d’impulser l’opération éducative.
Avec des personnels incompétents ou peu formés, les résultats enregistrés montrent qu’on se dirige vers plus de médiocrité. Par contre, avec le recours à des structures comme les écoles normales sup, il est possible de colmater les brèches et de former, petit à petit, des noyaux durs pouvant renforcer les fondements de notre système éducatif. Certes, la réalité n’est plus celle d’il y a deux ou trois décennies. D’où la nécessité de tenir compte des nouvelles données en matière de nouvelles technologies et approches pédagogiques, en plus du régime d’enseignement (bourses, internat, rémunération, etc.). Tout doit aller dans le sens de l’incitation à opter pour cette filière par la revalorisation des salaires ou en promettant des salaires plus attractifs aux normaliens. Ces derniers devraient être choisis parmi les plus doués pour le métier d’enseignant et les plus méritants. Car l’idée qui prévaut, actuellement, c’est que le secteur de l’enseignement est devenu un fourre-tout qui doit résorber l’excédent de diplômés chômeurs.
A cet effet, un diplôme national en licence appliquée en éducation et en enseignement a été créé en 2016, donnant la possibilité de formation de futurs enseignants. Les bacheliers lettres, maths, sciences expérimentales, économie et gestion, informatique pouvaient s’inscrire dans la filière. En 2019, on offrait aux bacheliers une licence et un master en éducation. Cette option des ministères de l’Education et du ministère de l’Enseignement supérieur se proposait de former et de perfectionner les étudiants dans les domaines académique et appliqué relatifs à l’enseignement à l’horizon 2025.
Attention, danger !
Quant à la création de ce qu’on appelle un Conseil supérieur de l’éducation (comme le prévoit l’article 135 de la nouvelle Constitution), il ne faudrait pas la prendre pour argent comptant. Sa complexité est telle qu’elle recèle de nombreux pièges. A quoi servirait ce Conseil ? Comment sera-t-il constitué et par qui ? Sera-t-il consultatif ou institutionnel ?
Ces multiples points d’interrogation laissent planer un gros doute sur son opportunité. De plus, il est prématuré de l’évoquer dans la conjoncture actuelle, tant qu’une véritable réforme des systèmes éducatifs et d’enseignement supérieur n’est pas mise en place. Toutes ces instances, dites supérieures ou hautes, ont montré leurs limites, voire leur incompétence ou efficacité.
Mais il y a pire. Cet instrument est une porte béante devant tous ceux qui ont des projets en tête ou qui sont à la solde de certaines parties cherchant à nous imposer un modèle éducatif à la “taliban”. On en a eu un échantillon par le biais de l’école de Regueb.
Par la force des choses, ce Conseil offrira des occasions en or à tous ceux qui n’ont pu faire passer leurs idées et constituera un frein supplémentaire devant toute action de modernisation et de rénovation. Comme c’est le cas pour les efforts de réforme, le système éducatif sera confronté à une plus grande ingérence venant de partout, ce qui entraînera, nécessairement, de nouveaux blocages rendant quasiment impossible toute avancée.
Or, nous devons savoir préserver notre école de toutes ces interférences maléfiques et obscurantistes. L’enseignement de la religion doit être du strict ressort de l’Etat. Toute autre activité sortant de ce cadre sera rejetée et interdite. La politique, elle aussi, est à bannir des murs de nos établissements et particulièrement des écoles primaires ou des collèges. Même ces pseudo-manifestations de soutien à la Palestine n’auront plus leur place. Sachant, bien sûr, qu’aucun Tunisien ne cache sa sympathie et son engagement pour la cause du peuple palestinien. Les autres activités devront revenir à la seule autorité concernée. Rien ne sera imposé du dehors sous quelque prétexte que ce soit. On ne pourra plus, par exemple, baptiser une école ou un lycée du nom d’une personne qu’on considère à tort ou à raison comme un “martyr”. Car un martyr c’est celui qui est mort en défendant sa patrie. Or, ceux qui ont été tués après 2011 (à l’exception des soldats ou des forces de l’ordre), cette appellation prête, encore, à équivoque.
Mais quelle que soit la polémique autour de ces sujets, l’important c’est de fermer toutes les portes de notre système éducatif aux éventuelles ingérences et aux infiltrations suspectes. C’est, malheureusement, ce que ce Conseil supérieur de l’éducation permet. C’est, somme toute, le clou de J’ha. Une des histoires appartenant à ce personnage légendaire nous apprend qu’il a loué ou vendu sa maison sauf un clou. Cela va lui permettre de venir quand il le voulait pour accrocher ce qu’il voulait à ce clou. A méditer.
MOHAMED LARBI BOUGUERRA
18 juillet 2022 à 15:25
Bonjour;
L’Ecole Normale Supérieure a été fondée juste à l’Indépendance avec des sections scientifiques (math, physique…) et sciences humaines (arabe, géographie…) Elle a été installée au Cercle des Officiers (auparavant occupé par les Français) avenue de France à Tunis (actuellement occupé par le un institut de recherche sur le Mouvement National je crois.)
De nombreux cadres post-indépendance en sont issues: Mohamed Sayah, Belkhiria (qui a été directeur de La Pesse si mes souvenirs sont bons), le directeur d’El Amal etc…Il serait très profitable de savoir pourquoi l’ENS a disparu puis a ressurgi à St Henri au Bardo puis a migré à Bizerte etc…
Pour mémoire, l’ENS française de la rue d’Ulm à Paris a été fondée à la Révolution française en 1794 et elle continue (il y en a 4 aujourd’hui) aujourd’hui encore après avoir donné Louis Pasteur (chimiste) Jean Jaurès, Jean-Paul Sartre, Georges Pompidou,léopold Sédar Senghor, Lucien Sève (historien communiste, décédé du COVID 19) Alain Badiou (vivant, philosophe) et tant d’autres qui ont la France.