Quel que soit le jeu prôné par Bertrand Marchand, la cohérence d’ensemble sera toujours le premier élément important d’une identité. Et ça se matérialisera véritablement s’il y a une harmonie durable des jeunes jusqu’à l’équipe première du Club Africain.
Avec un effectif de qualité, soit un groupe composé de joueurs expérimentés et des jeunes prometteurs, le technicien clubiste, Bertrand Marchand, ne part pas d’une page blanche. Il l’a dit récemment en affirmant qu’il ne part pas dans l’inconnu. Mieux encore, le coach français a rappelé qu’il reste aussi un formateur, et qu’accompagner la progression des jouvenceaux constitue pour lui toujours un objectif important. Cependant, pour Marchand, il faut toujours laisser le temps au temps avec la relève, et donc ne pas être constamment polarisé sur les résultats à court terme, car cela influe justement sur l’évolution des jeunes.
Dans l’optique de la reprise des entraînements, prévue pour vendredi prochain, pour le coach, « personne n’est indispensable mais tout le monde est nécessaire». En clair, personne ne « sera laissé sur le bord de la route » et l’on s’attend même au retour en grâce de certains délaissés, tel le portier Moez Hassan par exemple, appelé cependant à redoubler d’efforts pour retrouver la lumière, surtout après le retour de prêt de Farhati.
Incertitudes au niveau des flux
Le CA affrontera donc le CSS début septembre, dans le cadre du dernier carré de Dame Coupe, puis mettra les bouchées doubles avant de débuter le championnat à la fin du même mois. D’ici là, l’équipe s’apprête à engager une sérieuse préparation estivale, avec toutefois un groupe qui pourrait être retouché d’ici quelques jours, sachant que la fenêtre du marché des transferts vient de débuter. Il faut comprendre par là que si le CA s’apprête à cibler ses renforts, il devra aussi composer avec les joueurs en fin de contrat et les éléments susceptibles de faire l’objet d’offres conséquentes. En l’état, il y a donc encore des incertitudes au niveau des flux, mais si la Fifa lève la sanction de recrutement qui frappe le club, les choses vont s’éclaircir, et le bataillon en place dont la qualité sur le terrain reste encore à prouver, sera forcément consolidé.
Un pour tous…
La saison prochaine, en championnat, le CA doit faire mieux que cette quatrième place prise à terme. Maintenant, notamment pour des questions financières, la direction croise sans doute les doigts pour que Bertrand Marchand parvienne enfin à mettre l’équipe sur orbite, à commencer en Coupe de Tunisie où une finale doit être envisagée. Quant au titre de champion et le dernier carré de la C3, les difficultés des dernières saisons et la reconstruction de l’effectif imposent la prudence. Un bon parcours suffirait logiquement, mais c’est mal connaître le projet du club et les ambitions des fans. Aujourd’hui, le CA doit évoluer sur le terrain et retrouver cette aisance collective qui en a fait un Onze redoutable par le passé. La saison dernière, par exemple, toutes les victoires furent poussives et, presque jamais, le CA n’a emballé ni acculé, à l’exception du derby aller où l’équipe a été tenue en échec. Du pain sur la planche donc pour le plateau technique qui doit associer « son CA » à une certaine identité de jeu, en se basant sur divers critères. La possession, la hauteur du bloc, l’intensité du pressing, les caractéristiques et les rôles des joueurs, la façon de jouer du CA doit à terme être identifiable sur le terrain, invariable selon les matchs même. A quand ce retour aux sources, aux fondamentaux donc ? Ce que l’on sait, c’est que cette tendance, cette science même, se transmet par le Centre de formation à travers la philosophie de jeu. Et au CA d’antan, les principes basés sur le jeu en mouvement, les déplacements collectifs, le jeu sans ballon constituaient l’identité de jeu de l’équipe, mais aussi du club. De nos jours, au Parc A, l’on travaille toujours de cette manière. Mais qui vous garantit que les jeunes du cru seront par la suite sollicités pour prêter main-forte à l’équipe A au détriment des recrues, supposées apporter leur contribution à l’instant ? En clair, le « prêt-à-porter » est toujours favorisé par rapport aux Garreb, Snana, Mbaye, Lâabidi, Zghada, Guesmi et autre Cherifi, même si ce groupe de jeunes a apporté sa contribution en fin d’exercice passé. Voilà donc, en l’état et au-delà des résultats, le recours aux jeunes du cru est un enjeu majeur pour un club de cette trempe, une institution qui a formé de grands joueurs et fourni à satiété le Team Tunisie par le passé.
La saison passée, si, avec Louhichi, le CA n’a pas vraiment fait de cure de jouvence, avec Adel Sellimi, les choses ont ponctuellement évolué, mais l’équipe n’a pas vraiment et davantage été marquée par la patte de l’entraîneur. Conséquence directe : si chaque Onze-type a sa manière de jouer, très peu se sont inscrits dans le temps (instabilité de l’équipe rentrante), et rares sont les Onze de départ où chaque joueur a été marqué par une manière de concevoir le jeu et d’adapter le sien surtout !
Que ce soit avec Louhichi ou avec Sellimi, dans le jeu collectif supposé être en mouvement, les positions étaient la plupart du temps figées dans des schémas rigides et souvent caricaturés même ! Jeu direct et déviation vers Khelifa, voire Garreb, pressing ou non ? Que l’on parle d’approche tactique, d’identité de jeu, voire de personnalité, c’est un fait difficilement contestable : le CA se décline toujours de la même manière sur le terrain. Mais lorsqu’il s’agit d’expliciter l’identité de jeu, il règne une certaine confusion dans les termes employés, même s’ils évoquent souvent le même concept ! Et maintenant, avec Marchand, verra-t-on une équipe de possession, cherchant à s’ouvrir le terrain et à garder la balle ? Ou une équipe au style de jeu direct, se concentrant plus sur l’occupation territoriale, le jeu direct et les centres ? Quid des phases de transition pour déterminer l’identité de jeu d’une équipe aussi ? Comment réagira dorénavant le CA en situation de perte de balle ? Le timonier clubiste prônera-t-il un pressing sur toute la surface, les trois quarts ou dans sa moitié de terrain ?
Quel que soit le jeu prôné, la cohérence d’ensemble sera toujours le premier élément important d’une identité. Et ça se matérialisera véritablement s’il y a une harmonie durable des jeunes jusqu’à l’équipe première du Club Africain !
