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La Tunisie restera notre seul repère

Editorial La Presse

Le peuple s’exprimera le 25 juillet à travers les urnes sur le projet de la nouvelle Constitution censée être le premier pas vers l’instauration d’une nouvelle République. Son choix enchantera les gagnants mais choquera les perdants. Cependant, quel que soit le sentiment qu’on éprouve, on ne peut que s’incliner devant le verdict des urnes.

Certes, le vote  sera loin d’être harmonieux et il faut être dupe pour croire que les différentes sensibilités politiques vont barboter dans un bain de miel après ce scrutin. Mais faut-il pour autant baisser les bras et se laisser gagner par le désespoir ? Au contraire, il faut accepter ce qui se passera pour mieux aborder la phase suivante. Car en démocratie, tout est possible. Il n’y a pas un seul choix, une seule voie. Un bon démocrate doit accepter le fait que les électeurs se détournent de lui et votent pour quelqu’un d’autre, pour un autre projet, une autre vision. Et c’est ce qui se passera lors de ce scrutin. Il faut se rendre à l’évidence que ce n’est pas un autre peuple qui votera pour nous. C’est notre peuple, nos propres concitoyens et parmi eux nos frères, nos sœurs, nos parents. Mais si les résultats risquent d’être loin des attentes des uns ou des autres, c’est qu’il y a des électeurs, et ils sont nombreux, pour ne pas dire la majorité, qui auront choisi de rompre avec les idées, les habitudes et les comportements du passé. Autrement dit, le peuple s’exprimera à travers les urnes et non par la force pour dire tout haut ce qu’il pense : oui ou non à ce projet de nouvelle constitution. Car c’est finalement le peuple qui est le seul dépositaire de cette souveraineté électorale.

N’oublions pas que ce peuple qui porte encore les blessures de la transition démocratique a opté en 2019 pour un changement de gouvernants, de discours et de style de gouvernance. Pour cela, il a sacrifié la plupart des partis classiques sur l’autel des promesses « révolutionnaires », « islamistes » ou « populistes ».  Certes, ce changement est loin d’être rassurant étant donné la diversité des couleurs politiques où les hérauts des idées modernistes et centristes figurent en pole position. Mais il ne faut pas oublier que les gagnants  seront dans l’obligation de mettre en œuvre le mandat qu’ils ont reçu du peuple au profit du peuple sans exclusion aucune.  Et parce que la Tunisie en a besoin, les gagnants, quelle que soit leur position, devront s’acquitter de leurs devoirs dans un esprit d’union et de fraternité. Le pays a besoin de souffler, de respirer un air frais. Et on a besoin de reprendre espoir pour des lendemains meilleurs pour que le pays reprenne des couleurs et retrouve sa superbe.  Car ce qui se passera ne doit pas être perçu comme la victoire d’une Tunisie contre une autre. Mais encore une fois, une victoire, l’unique, non pas celles des hommes mais celle de la démocratie. Celle des valeurs qui nous unissent, celle de l’idéal qui nous rassemble. Il s’agit donc de tout mettre en œuvre pour que les Tunisiens, par-delà leurs partis, leurs croyances, aient toujours envie de se parler, de se comprendre pour que le pays se remette en mouvement. Ce vote ne doit pas être un alibi pour se laisser enfermer dans l’intolérance et le sectarisme. Au contraire, il faut qu’il nous pousse à nous ouvrir les uns aux autres, à ceux qui ont des idées différentes, à ceux qui ont d’autres convictions. Car c’est cela la démocratie et c’est pourquoi elle ne doit pas nous faire peur.

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