Le ministère de l’Industrie, des Mines et de l’Energie compte rattraper le retard pris sur les énergies renouvelables en accélérant la mise en place de plusieurs projets solaires et éoliens qui nécessitent la mobilisation d’un investissement global de 3 milliards de dollars, au cours de la période à venir. Ces projets, qui seront réalisés d’ici à 2025, vont contribuer à la réduction du coût de l’électricité produite à partir du gaz naturel, à hauteur de 180 millions de dollars par an.
La question de la transition énergétique constitue plus que jamais un enjeu crucial, non seulement pour la sécurité énergétique du pays mais aussi pour l’ensemble de l’économie. Ce n’est un secret pour personne: le spectre d’une crise énergétique n’est pas à écarter si la Tunisie n’y met pas le prix pour réduire sa dépendance énergétique. Le déclenchement de la guerre en Ukraine a cristallisé les inquiétudes quant à la continuité de l’approvisionnement énergétique mais surtout vis-à-vis du coût de plus en plus insoutenable de l’énergie. Faut-il rappeler que chaque augmentation de 1 dollar du prix du baril de pétrole entraîne une hausse de 140 millions de dinars au niveau des dépenses de subvention. Dans un tel contexte difficile où l’énergie est devenue une denrée rare, réussir la transition énergétique est devenue une urgence.
Un manque à gagner énorme
A vrai dire, la Tunisie a entamé le processus de sa transition énergétique depuis plusieurs années. En 2015, le gouvernement a adopté une loi visant à promouvoir la production d’électricité à partir de sources d’énergies renouvelables afin d’accélérer le passage aux énergies propres. Depuis, c’est pratiquement le statu-quo. Selon la stratégie de diversification du mix énergétique, la part des énergies renouvelables aurait dû atteindre les 20% en 2020. Alors, qu’à ce jour, elle n’a pas dépassé les 3,7%. De quoi s’en mordre les doigts, vu le manque à gagner qui se chiffre à des centaines de millions de dinars et qui est engendré par les retards accusés dans la réalisation des objectifs du plan solaire.
Et l’on s’est toujours demandé, comment en Tunisie, un pays qui bénéficie d’un taux d’ensoleillement important (estimé à 3000 heures par an), d’une radiation solaire permettant d’avoir l’un des meilleurs rendements de panneaux solaires photovoltaïques et où les régions venteuses sont légion, la transition énergétique est à la peine. De surcroît, les avantages de cette transition ne sont plus à démontrer: elle crée des emplois ( plus de 20 mille d’ici à 2030, selon le plan solaire tunisien), elle contribue au renforcement de l’indépendance énergétique du pays (le déficit énergétique s’est davantage creusé au cours de la dernière décennie passant de 10% en 2010 à 48% en 2021), elle réduit les dépenses liées à l’importation du gaz naturel indispensable à la production d’électricité et elle permet à la Tunisie de respecter ses engagements environnementaux dans le cadre de l’Accord de Paris. Pourtant, l’intégration des énergies renouvelables dans le mix énergétique avance à la vitesse de l’escargot.
Un investissement global de 3 milliards de dollars
Cette situation résulte-t-elle d’un cadre réglementaire qui n’attire pas les investisseurs ? S’agit-il de difficultés à lever des financements pour la réalisation de ces investissements ? Ou est-ce de la résistance à la transition ? Pour le ministère de l’Industrie, des Mines et de l’Energie, inutile de revenir sur les raisons puisqu’il est mis devant le fait accompli.
Le plus important maintenant est de passer la vitesse supérieure et d’atteindre l’objectif de 35% de part d’énergies renouvelables dans le mix énergétique d’ici à 2030, c’est-à-dire la mise en place d’une capacité supplémentaire de 4300 mégawatts. La réalisation de ces objectifs nécessite un rythme d’exécution accéléré avec une capacité annuelle de 500 mégawatts moyennant un investissement de 1 milliard de dinars par an, pour les 8 prochaines années. Le programme national pour la production d’électricité à partir des énergies renouvelables, qui a été élaboré par le ministère pour la période qui s’étale de 2022 à 2025, prévoit, dans ce cadre, la mobilisation d’un investissement global de 3 milliards de dollars. Les projets qui seront réalisés au cours de la période à venir permettront un gain en combustible, et une réduction du coût de l’électricité, étant donné que le tarif moyen prévu est estimé à 100 millimes /kilowattheures, soit la moitié par rapport au coût de production de l’électricité à partir du gaz naturel (200 millimes/kwh). Ces projets vont ainsi permettre de baisser de 30% les importations de gaz naturel et contribuer à la réduction du coût de l’électricité produite à partir du gaz naturel à hauteur de 180 millions de dollars par an.