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Capital humain : Remédier aux faiblesses

A l’aube de son indépendance, la Tunisie a misé sur une éducation pour tous et un accès universel  à la santé. Ces choix politiques  lui ont valu de se targuer d’être parmi les pays de la région disposant d’un capital humain traditionnellement important, mais aussi d’être compétitif sur le plan ressources humaines. Mais malgré ces acquis, les difficultés et les problèmes qui s’érigent face au développement du capital humain persistent. 

Le développement et le renforcement du capital humain sont le fondement d’une croissance inclusive et le gage du progrès social et économique des pays. En effet, le capital humain recouvre, selon la définition de l’Ocde, l’ensemble des connaissances, des qualifications, des compétences et des caractéristiques individuelles qui facilitent la création du bien-être personnel, social et économique. Ainsi, au-delà de l’impératif moral de lutter contre la pauvreté et de garantir le droit universel à l’éducation et à la santé, la nécessité d’investir dans le capital humain revêt une dimension purement économique. Car il s’agit bien d’un levier de compétitivité et d’un atout concurrentiel par excellence.

Mais l’investissement dans le capital humain est un investissement de long terme, dont les stratégies sont définies par l’Etat. Il  ne commence à porter ses fruits qu’après plusieurs années, voire des décennies. Les économies émergentes d’Asie de l’Est, qui ont mis le pactole sur le capital humain et qui récoltent aujourd’hui les résultats de leurs choix politiques d’y investir, ont toujours été, à ce sujet, un exemple à suivre. 

Malgré les acquis… 

A l’aube de son indépendance, la Tunisie, elle aussi, a misé sur une éducation pour tous et un accès universel  à la santé. Ces choix politiques  lui ont valu de se targuer d’être parmi les pays de la région disposant d’un capital humain traditionnellement important, mais aussi d’être compétitif sur le plan ressources humaines. Mais malgré ces acquis, les difficultés et les problèmes qui s’érigent face au développement du capital humain persistent. L’Indice du capital humain (ICH) de la Banque mondiale donne, en ce sens, une idée sur le chemin, encore long, à parcourir pour pallier la faiblesse du capital humain en Tunisie,  même s’il met en valeur certains points avantageux. En effet, l’Indice mesure en pourcentage, le niveau de productivité qu’un enfant né aujourd’hui peut espérer atteindre à l’âge de 18 ans. C’est-à-dire qu’il évalue la productivité d’un enfant né aujourd’hui, intégrant le système éducatif et sanitaire actuel du pays, lorsqu’il atteindra l’âge adulte, par rapport à sa productivité potentielle, s’il aurait suivi une scolarité complète et vivait en pleine santé.

En 2020, l’ICH de la Tunisie s’est établi à  0.52, un score inférieur à la moyenne  des pays de la région Mena (0.57), mais supérieur à la moyenne des pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure. D’autres  sous-indicateurs (ou indicateurs complémentaires) de l’Indice clignotent en rouge. On cite la pauvreté de l’apprentissage. En 2011, environ 65% des enfants âgés de 10 ans ne peuvent pas lire et comprendre un texte simple à la sortie de l’école primaire, un taux au-dessus de la moyenne de la région, qui est de 48%. L’hypertension est également un indicateur complémentaire qui donne une idée des politiques de santé publique suivies par les pays. En 2015, environ 23 % de la population âgée de plus de 18 ans souffrent de l’hypertension, ce qui représente un taux plus élevé que la moyenne de la région (20%). Le tabagisme s’avère aussi un phénomène dangereux qui ronge la santé de la population. En 2016,  près de 33 % des personnes  âgées de plus de 15 ans sont fumeuses (alors que la moyenne de la région s’établit à 21%). Le rapport révèle, en outre, qu’entre 2010 et 2020, l’ICH de la Tunisie s’est dégradé passant de 0.53 en 2010 à 0.52. 

Les défaillances des systèmes 

La dégradation de l’ICH met en évidence les limites et les faiblesses des politiques établies en matière d’éducation et de santé.  Une éducation, dont la qualité,  malgré sa gratuité,  peine à suivre et un système de santé qui ne cesse de se détériorer. Le rapport « Diagnostic-pays systématique » sur la Tunisie, qui a été publié par la Banque mondiale en 2015,  explique, à cet égard, qu’ « au cours des vingt dernières années, la Tunisie a élargi l’accès à l’éducation, notamment à l’enseignement supérieur. Cependant, la qualité de l’éducation est devenue un problème et un frein à la croissance. La grave inadéquation des compétences et le niveau médiocre des résultats scolaires empêchent la  pleine mobilisation du capital humain. Le déficit de compétences adéquates est la deuxième contrainte majeure pour les entreprises du secteur privé ». S’agissant du secteur de la santé, il précise que « les principaux défis auxquels le système est confronté émanent d’une mauvaise prestation des services publics et d’un manque de protection financière adéquate, notamment dans les régions de l’intérieur ».

Dans ce même contexte, l’ancien responsable des opérations de la Banque mondiale pour la Tunisie, Tony Verheijen, a souligné dans une interview accordée à La Presse en 2018, à l’occasion du lancement de l’Indice du capital humain, que  l’accès à l’éducation préscolaire, l’abandon scolaire au secondaire et  la faible qualité de l’enseignement sont les principales défaillances du système éducatif. Il a indiqué que l’amélioration de la performance du système éducatif à travers le renforcement de la qualité de l’enseignement, mais aussi de l’accès à l’éducation pour la petite enfance sont nécessaires pour que la Tunisie parvienne à améliorer son ICH. 

Mais au-delà des chiffres, qui permettent de quantifier l’ampleur des problèmes et d’identifier l’origine du mal, tout le monde s’accorde sur la nécessité et l’urgence de la réforme des systèmes d’éducation et de santé. Parce que quand la santé va, ou que l’éducation va, tout va ! 

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