Les travaux de la 8e édition de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique démarrent aujourd’hui à Tunis. Un évènement de grande envergure qui illustre l’engagement de plusieurs pays pour le développement durable de l’Afrique. Une occasion renouvelée qui se traduit également par la volonté du Japon de soutenir ce continent qui a été touché de plein fouet par les effets de la pandémie de Covid-19. Tout comme les autres continents qui ont payé un lourd tribut, l’Afrique était, assurément, la plus substantielle. Partira la pandémie, et restera son contrecoup sur les économies et le développement. Mais la résistance et la résilience de l’Afrique — gouvernements et populations, qui ont été contraints de lutter sur plusieurs fronts à la fois — sont avérées, voire manifestes.
La huitième édition de la Ticad, qui se tient aujourd’hui et demain, constitue un mécanisme central, important et clé de l’interaction africaine avec ses partenaires continentaux. Son objectif principal est, en effet, de tracer la voie à des programmes cohérents et intégrés qui favorisent le développement, mais aussi la compréhension entre l’Afrique et le Japon. Cette plate-forme internationale promeut l’appropriation africaine et les valeurs de partenariat à tous les niveaux de convergence entre les parties prenantes : gouvernements, organisations internationales, entreprises économiques…
On assiste, depuis plus d’une décennie, à l’émergence et au développement de nouvelles puissances africaines, d’une part, et à de nouveaux instruments de coopération panafricains d’autre part. L’Union africaine, en particulier, ainsi que les organisations régionales avec lesquelles elle collabore étroitement, sont devenues progressivement les principales manifestations d’une africanisation de la diplomatie économique, politique, culturelle…
Investissements : renouer avec la tendance haussière
Sur le plan économique, l’Afrique, aujourd’hui avant demain, a besoin d’investissements dans divers domaines : économie, éducation, santé, énergies renouvelables, technologies… qui sont cardinaux à la consolidation d’économies résilientes sur le continent… A l’heure du relèvement post-Covid, l’espoir renaît pour que les investissements renouent avec la tendance haussière enregistrée entre 2007 et 2010. Sachant que les IDE japonais en Afrique, en l’occurrence, sont passés de 10 milliards de dollars en 2010 à 6,9 milliards de dollars à la veille de la pandémie.
Les partenariats et les échanges, sur lesquels la Ticad mise au cours de cette édition, sont une formule idoine pour réaliser des projets structurants et d’envergure.
La Tunisie restera résolument engagée, aux niveaux national et régional, dans les divers domaines d’intervention de la Ticad, et est disposée à partager humblement son expérience avec ses frères africains, dans le cadre d’une approche davantage basée sur l’appropriation, le partage d’expériences et la coopération tripartite. Les pays et les décideurs africains sont appelés à relever les défis multiformes auxquels nous sommes actuellement confrontés. Cette nouvelle édition de la Ticad constituera sans doute une occasion renouvelée pour aller encore plus de l’avant dans cette démarche d’unité.
Le Japon s’engage, pour sa part, lors de cette conférence multilatérale, à continuer de soutenir le processus de développement en Afrique conformément aux projections retenues, c’est ce qui a été confirmé par M. Miyashita Tadayuki, directeur général adjoint de l’Afrique au ministère japonais des Affaires étrangères. A ce titre, il affirme que « le Japon organise ce forum depuis plus d’un quart de siècle pour promouvoir le développement en Afrique tout en respectant ses spécificités ».
Diplomatie économique
Et d’ajouter que « l’Afrique constitue le continent le plus représentatif pour l’Organisation des Nations unies. Il dispose d’un important potentiel en ressources minières et énergétiques et enregistre un taux de croissance démographique des plus élevés. Autant de facteurs et d’atouts qui justifient l’intérêt du Japon pour le développement de ce continent ».
Il s’agit également d’adopter une « diplomatie avec une vision panoramique du monde», qui permettra de renforcer les intérêts du Japon sur la scène internationale, y compris en Afrique.
Le gouvernement japonais a été particulièrement actif pour renouveler sa diplomatie économique, en combinant l’aide au développement, les financements publics et les assurances commerciales pour faciliter les activités des acteurs privés nippons à l’étranger, notamment en Afrique. Une approche basée sur la mise en place de partenariats économiques et stratégiques, ainsi que d’accords d’investissement.
La Ticad se veut, en effet, une plateforme de réseautage et de rencontres entre les milieux d’affaires japonais et africains qui s’avère essentielle pour nourrir, sur le plus long terme, les investissements et les échanges.
Présence économique du Japon en Tunisie
Actuellement, le nombre d’entreprises japonaises en Afrique s’élève à 800 dont 22, c’est-à-dire 3% du total, en Tunisie. Ces entreprises emploient 15.000 personnes (mai 2020). Elles sont actives essentiellement dans le secteur des composants automobiles (faisceaux électriques, airbags, etc.).
Par ailleurs, la Tunisie a bénéficié du financement japonais concessionnel, de plusieurs projets importants d’infrastructure, dont celui de construction du pont Radès-La Goulette, moyennant des investissements de l’ordre de $ 76 mio, la Centrale électrique de Radès ($ 346 mio), la station de dessalement de Sfax($ 333mio) et l’équipement des centres de recherche du Parc technologique de Borj Cédria pour $ 100 mio.
Selon les experts économiques, la présence économique japonaise, supérieure à la présence économique chinoise, reste bien en deçà de la présence européenne représentée par l’investissement direct étranger de plus de 4.000 entreprises réalisant un volume d’affaires de $12milliards par an.