Des fautes ont été signalées dans le manuel de français destiné aux écoliers de 3e année primaire. Si l’information a soulevé un grand tollé dans l’opinion publique, on peut affirmer qu’on n’en est pas à un scandale près. Les pratiques en classe sont encore pires avec certains enseignants.
Il est vrai que c’est la première fois que notre pays a recours à l’impression des manuels scolaires en dehors de nos frontières. Et, comme par hasard, c’est la Turquie qui remporte l’appel d’offres ! Ce pays, décidément, affirme et réaffirme sa présence partout depuis cette longue décennie où on a vu toutes nos institutions perdre de leur importance et laisser le champ libre devant des lobbies dont le rôle était de baliser la voie aux sociétés turques.
Aujourd’hui, on a mis le pays devant un fait accompli.
Les hypothèses
Néanmoins, l’impression de nos livres scolaires dans un pays étranger constitue un précédent qui a de quoi écorcher notre fierté et notre dignité. Quelles que soient les raisons qui auraient poussé le ministère de l’Education à choisir un imprimeur étranger, la démarche en elle-même reste frustrante pour nos professionnels. Ces derniers auraient pu remporter le marché moyennant des offres plus raisonnables et plus étudiées. Mais, toujours est-il qu’il faut donner la priorité aux partenaires nationaux.
Quant à la question des erreurs graves relevées dans le manuel incriminé, on ne les imputera pas aux imprimeurs. Car, généralement, ces professionnels travaillent sur une matière délivrée par le “client”. Ils n’ont ni un rôle de correcteur ni celui de supérieur. Tout est confiné dans le côté strictement technique.
L’origine de ces fautes sera précisée par l’enquête ordonnée par le ministère de l’Education. C’est par cette voie qu’il sera possible de déterminer le ou les responsables. Il pourrait s’agir de plusieurs hypothèses. Nous les citerons sans ordre d’importance.
Il y aurait d’abord une incompétence de la part des auteurs chargés d’élaborer le manuel. Et dans ce cas, c’est très grave. Il se pourrait, aussi, que ce soit une négligence délibérée et un manque d’attention. Et là aussi, ce serait inadmissible. D’autre part, on pencherait, peut-être, du côté de la personne qui a procédé à la saisie des textes ou des supports.
Une dernière hypothèse (et non la dernière). On n’écarte pas une action malveillante visant à nuire à l’opération entière d’impression des manuels en dehors du pays.
Dans tous les cas de figure, cet incident est d’une telle importance qu’il mérite qu’on le traite de la manière la plus sérieuse qui soit.
Le niveau scolaire, en question est crucial et la langue visée l’est d’autant plus surtout que l’introduction de cette langue à ce stade de l’enseignement connaît une réticence de la part de certains détracteurs.
Par la même occasion, on ne s’empêchera pas de revenir sur ce qui se passe dans nos classes et avec certains de nos enseignants. La langue française est un outil utilisé pour transmettre des connaissances scientifiques. Les enseignants qui l’utilisent n’ont pas nécessairement eu une formation ad hoc. Par conséquent, ils accusent de grandes lacunes dans la pratique de cette langue qu’ils transmettent, malheureusement, à leurs élèves. Le plus grave c’est lorsque ces enseignants sont désignés pour enseigner cette langue.
Davantage de vigilance
Dans le primaire, la question revêt un intérêt plus particulier parce que c’est le premier contact avec une langue étrangère. Et quand cela ne se fait pas sur une base solide, c’est la catastrophe pour le reste du parcours scolaire des élèves. C’est ainsi que les inspecteurs ont relevé de nombreuses fautes de français plus ou moins graves auprès des enseignants. Les parents (voire les élèves eux-mêmes) constatent ces faiblesses chez les instituteurs ou les professeurs.
Il est vrai que la fréquence de ces fautes est plus importante chez les enseignants dont ce n’est pas la spécialité. On pense, ici, aux enseignants des matières scientifiques ou techniques comme les maths, les sciences naturelles, la physique et la chimie, l’informatique, l’éducation technologique, etc.
Cela se remarque, notamment, chez les enseignants dont l’ancienneté n’est pas assez importante. Des fautes d’accord en genre et en nombre, confusion entre féminin et masculin, des difficultés dans l’énonciation, etc. sont les principaux points d’achoppement rencontrés pendant les cours.
L’élève est ainsi perturbé dans ses apprentissages et son niveau s’en ressent profondément.
D’ailleurs, on peut constater ces carences dans les différentes promotions qui sortent chaque année de nos universités. La langue française n’est pas, du tout, leur fort. Ce qui est déplorable c’est que cela saute aux yeux dès qu’on les voit rédiger leurs C.V ou des demandes. Bien sûr, ce n’est pas, essentiellement, leur faute.
Ce qui nous pousse à nous interroger sur l’encadrement linguistique des enseignants et sur leur formation continue. S’ils sont obligés d’utiliser le français comme langue véhiculaire, ils doivent, au moins, en maîtriser le minimum de connaissances concernant son fonctionnement.
S’agissant de l’élaboration des manuels, il est impératif que la tâche soit confiée à de vrais spécialistes rompus dans les pratiques de l’enseignement et qui soient épaulés par des spécialistes et des pédagogues chaque fois que la nécessité s’impose.