Du 14 juillet au 20 août, s’est tenu le Festival international de Carthage (FIC). Avec le recul, nous tentons de faire le bilan de cette 56e édition qui a ratissé large afin de satisfaire les goûts des publics. Et en termes de publics, le FIC nous a aussi permis de découvrir un nouveau profil.
Déjà la dernière soirée. Celle de la clôture. Un grand événement que les organisateurs ont créé et un grand coup de com qui a jeté beaucoup de lumière sur le festival. Programmer le retour de Shirine qui, pendant plus d’un an, a défrayé la chronique avec son histoire de dépression et lui redonner vie sur les planches du théâtre romain est un grand coup de maître en termes de mise en valeur. Peu importe le cachet , peu importe le reste. Mais Lorsque la star prononce la phrase «Carthage m’a redonné vie » en y associant un langage corporel sincère… Nous sommes vraiment preneurs… Ça c’est une soirée qu’on retiendra d’autant plus qu’elle a drainé un public monstre avec tout ce que cela implique en termes de billetterie, bien entendu. J’entends déjà certains râler en disant oui mais Carthage n’est pas une plateforme pour le buzz et de stars en mal d’étreinte… Mais Carthage aussi a eu sa liste de grands artistes et ses grandes soirées qui ont honoré l’esprit du temple. Et force est de croire que les soirées de Carthage ont rempli au moins 70% des gradins à part celles qui ont fait carrément le plein. Des soirées tunisiennes dans la grande tradition du festival il y en a eu ! Saber Rebai, Zied Gharsa mais beaucoup plus que ces deux vedettes nous mentionnerons la soirée de Abderrahamane Ayadi dédiée à la chanson tunisienne. « Mélodies en mémoire » était le titre et ce fut un véritable régal en tout cas. Une soirée qui a ressuscité un Slim Damak qu’on croyait disparu à jamais. Ces soirées nous confirment également à quel point la musique tunisienne a encore des adeptes, voire des inconditionnels. Le public de Carthage, cette année, manquait de plein air après deux années de pandémie et qui est venu chercher des émotions précises soit pour rire, soit pour découvrir la magie, (un spectacle qui a fait théâtre comble contre toute attente) soit pour regarder une vedette détruite par une histoire de cœur remonter sur scène. Mais ce public qui a ressuscité Slim Damak a failli tuer Lamine Nahdi.
Il s’agit de la soirée de Lamine Nahdi qui s’est retournée contre le grand comédien à qui nous vouons beaucoup de respect . Complot ou quiproquo? La com aurait-elle oublié que la pièce se joue dans un autre registre moins comique ? On l’ignore encore mais beaucoup plus que le retour de Shirine, ce triste incident a boosté le festival dans les « vues » et « entendues » et il demeurera dans les annales du FIC. Oui, cette année, le FIC nous a permis de découvrir à quel point le public peut être manipulateur…
Réussie, la session du FIC après deux ans d’absence et les retours ne sont pas souvent faciles. Le festival a gagné le pari de remplir les gradins et à faire sortir les Tunisiens qui ont commencé à prendre le pli assis qu’ils étaient devant leurs écrans pour leur offrir des émotions de tout genre…