Après les fautes grossières relevées dans le nouveau manuel scolaire de langue française pour les élèves de 3e année primaire, un autre livre de la cinquième année de base a suscité l’énergique intervention de l’éminent historien Mohamed Hassine Fantar qui a adressé à ce propos une lettre au ministre de l’Education. A se demander où va l’enseignement en Tunisie avec des manuels scolaires truffés de fautes ?
L’année scolaire n’a pas encore commencé que le ministère de l’Education a dû intervenir pour tenter de calmer les esprits en ordonnant l’ouverture d’une enquête suite aux graves fautes relevées dans le nouveau manuel scolaire de langue française pour les élèves de 3e année primaire.
Comme de coutume, on n’en sera rien des résultats de cette enquête et, d’ici là, tout entrera dans l’ordre. De la poudre aux yeux en dépit d’accusations graves lancées à ce propos sur les réseaux sociaux par des internautes en lien avec la polémique créée autour de l’impression des manuels scolaires à l’étranger.
La commission chargée de la préparation du manuel scolaire s’explique
La commission chargée de l’édition du manuel scolaire a publié à son tour un communiqué dans lequel elle remercie le ministère de l’Éducation qui a répondu à sa demande et à la demande de la partie syndicale d’ouvrir une enquête sur les erreurs contenues dans la version disponible sur le marché. Elle explique que cette version diffère de celle envoyée le 06/05/2022 par e-mail à l’Administration générale des programmes et au Centre pédagogique.
La commission confirme par ailleurs que la première version était exempte de ces nombreuses erreurs et que la copie a été retapée au Centre national pédagogique, qui a obligatoirement produit ces erreurs résultant de la numérisation.
«Un grand effort a été déployé pour éviter toute erreur (11 heures consécutives de 9h à 20h dans des circonstances très difficiles)», souligne la commission qui rappelle qu’elle a demandé une copie papier ou numérique pour examen, mais sa demande a été refusée.
Le manuel des matières sociales truffé d’erreurs!
Il semble toutefois que les fautes relevées dans le nouveau manuel scolaire de langue française ne soient pas l’unique bourde qui en dit beaucoup sur la déliquescence du système éducatif dans le pays. D’autres erreurs monumentales dans le manuel scolaire «Les matières sociales» pour les élèves de la cinquième année de base et notamment la partie inhérente à l’histoire viennent d’être dévoilées par l’éminent historien Mohamed Hassine Fantar dans une lettre adressée récemment au ministre de l’Education. L’historien se demande dans sa lettre tout d’abord si la vingt-quatrième session de la Coupe d’Afrique de football en Tunisie qui a été mentionnée dans le manuel scolaire pourrait constituer un événement historique ? Non, répond-il. Mais rien n’étonne plus en ce pays qui compte deux millions d’analphabètes. «Une confusion qui ne fait que confirmer une descente aux abîmes et l’impérieuse nécessité de réformer le secteur de l’éducation, d’autant plus que la mauvaise qualité du système d’éducation n’est plus à démontrer depuis la fin de l’ère bourguibienne».
Hussein Fantar a aussi pointé du doigt des erreurs qualifiées d’impardonnables dans la partie du livre dédié à l’histoire de certains monuments issus de la civilisation capsienne (Gafsa en Tunisie) dont certains remontent au quatrième siècle avant la naissance du Christ.
L’éminent historien, qui sait être sage sans être moral ni pédant, termine sa lettre par un précieux conseil: «Je pense que les livres, quel que soit leur domaine, devraient être présentés à des corps d’universitaires spécialisés, avec la participation d’un inspecteur pédagogique pour lecture et approbation… Leurs noms doivent être inscrits en tant qu’experts superviseurs dans la liste des auteurs».
