Le tribunal sportif de deuxième instance n’a pas cherché à être plus royaliste que le roi et a emboîté le pas au bureau fédéral, en décidant le maintien des résultats acquis sur terrain.
Ceux qui s’attendaient à une décision spectaculaire de la Commission nationale d’appel, qui resterait dans les annales concernant l’affaire du play-out de la Ligue 2 soulevée après la suspicion de match arrangé à Métlaoui ( un nul qui faisait l’affaire des deux équipes et leur éviterait la relégation) et de match truqué à Zarzis ( but gag dans les toutes dernières minutes pour l’ESHS en guise de riposte au résultat de Métlaoui qui a condamné l’ESM à la rétrogradation ), sont restés sur leur faim. Plus de trois mois et demi de batailles juridiques en première instance et en appel pour arriver à la conclusion simple et banale que «rien de louche et de suspect n’a pu être décelé et établi dans les deux matches, ESM/OB et ESZ/ESHS», et que la seule issue à cette tempête dans un verre d’eau est le maintien des résultats acquis sur terrain.
Cette décision de la Commission nationale d’appel, pas très bien étayée et pas très convaincante au vu des images et vidéos qui ont circulé après ces deux matches, ne peut pas passer inaperçue ni ne pas faire couler beaucoup d’encre. Le CSChebba, concerné indirectement par ce verdict tant attendu et qui attend, lui, la sentence du Tribunal arbitral du sport à Lausanne pour brouiller toutes les cartes, est déjà repassé à l’attaque et parle «d’une montagne qui a accouché d’une souris». Ce qui est sûr, c’est que la Commission qui a reporté ce verdict du 6 au 13 septembre dans l’espoir d’une réponse du parquet qu’elle a sollicité pour avis, n’a pas obtenu ce qu’elle souhaitait pour se dégager de la lourde responsabilité qu’elle avait sur les épaules et n’a trouvé de porte de sortie sans danger que de rejeter l’appel de l’ESM pour vice de forme (l’administration du club du Bassin minier était-elle à ce point incapable de constituer correctement son dossier d’appel pour qu’il ait pu être rejeté du point de vue forme sans avoir à trancher sur le fond ? ) et de maintenir le résultat tant controversé du match ESZ/ESHS qui profite au club de Hammam-Sousse. Et, en même temps, de casser ainsi la décision de première instance de la Commission de discipline et de fair-play de l’obliger à jouer un match barrage avec l’ESM pour désigner le deuxième club relégué avec l’ESZ.
Le passage en force de la FTF
Nous avons été les premiers dans ces mêmes colonnes à souligner que le passage en force du Bureau fédéral qui n’a pas attendu ce verdict du 13 novembre pour faire la répartition des deux poules de 7 du championnat de Ligue 1, dont font partie l’OB et l’ESHS, a mis le couteau sur la gorge des membres de cette commission et les a mis devant le fait accompli. Cette commission placée dos au mur ne pouvait donc que décider le maintien et la confirmation des résultats acquis sur terrain afin de ne pas bouleverser le calendrier, déjà établi pour ne pas retarder le coup d’envoi du championnat déjà fixé au 30 novembre. Le sort de l’ESZ et de l’ ESM est donc bel et bien scellé et les deux équipes évolueront cette saison en Ligue 2. Aucune d’elle n’a les moyens financiers de faire un pourvoi en cassation devant le TAS. En guise de maigre consolation pour les Zarzissiens, la Commission a blanchi leurs deux joueurs, Aymen Kordi et Houssem Hassan Ramadhan, et leur a évité les lourdes sanctions prononcées à leur égard par la Commission de discipline et de fair-play, présidée par Moata Dakhli. Comme si de rien n’était, on enterre ainsi de façon assez maladroite, pour ne pas dire suspecte, cette triste et sombre affaire et, avec elle, certaines images qui crèvent les yeux et assez choquantes de manquement grave à l’éthique sportive et à la crédibilité de nos compétitions. Est-ce dans l’intérêt de notre football de ne pas frapper fort pour arrêter l’hémorragie des matches arrangés et des résultats truqués et sur commande et de continuer à fermer les yeux sur un fléau qui s’étend, s’aggrave et fait de gros ravages et son lot de victimes au fil des années ? Certainement pas.