Accueil Editorial Commémoration et désunion

Commémoration et désunion

Editorial La Presse

Au lieu de célébrer dans la communion et à l’unisson la commémoration de la bataille de Bizerte où, le 15 octobre 1963, les Français avaient fini par quitter Bizerte après l’un des épisodes les plus sanglants de la décolonisation, les opposants de Saïed ont préféré encore une fois appeler les Tunisiens à descendre dans la rue pour manifester contre ce qu’ils considèrent comme un «putsch». Même si les adeptes du Front du salut ont le droit de manifester, ils auraient pu choisir une autre date que celle qui revient de droit à la commémoration de la bataille de l’Évacuation où un devoir de mémoire nous impose de rendre hommage aux martyrs qui sont tombés sur le champ d’honneur pour libérer le pays du joug du colonialisme. Doit-on interpréter la récurrence des manifestations en pareilles occasions comme un acte prémédité pour nous faire oublier le souvenir de ces glorieux Tunisiens qui ont bravé l’artillerie lourde, les blindés et les bombardements des forces françaises et qui étaient décidés à résister par tous les moyens à l’occupation de la ville de Bizerte par les troupes françaises ? Certes, le pays passe par une zone de turbulences mais les citoyens ont besoin de messages à même de leur faire sentir qu’ils sont désormais partie prenante d’un destin collectif.

En effet, ils savent que les années à venir seront lourdes d’enjeux, mais aussi ouvertes à tous les possibles et que pour passer les trous d’air, il faut être plus solidaires, plus patriotes. Pour cela, ils n’ont pas besoin de plus de division mais d’initiatives plus équitables avec des mesures non discriminatoires assorties d’arguments forts et d’objectifs clairs. Une chose est sûre, si le Tunisien est convaincu que ces marches serviront à panser ses cicatrices, ses fractures, les inégalités, il sera au rendez-vous et donnera le meilleur de lui-même. En effet, pour peu qu’on lui montre un horizon, et non l’étroitesse des murs clos, le citoyen n’hésitera pas deux fois avant d’investir la rue comme il l’a fait le 25 juillet 2021. Mais si un appel pareil n’est qu’un subterfuge pour faire tomber le régime et n’a pour objectif rien d’autre que redonner aux acteurs politiques rejetés par le peuple de nouveau le pouvoir, il n’aura aucune conséquence réelle et son retentissement sur l’opinion nationale ne sera que négatif.

Charger plus d'articles
Charger plus par Chokri Ben Nessir
Charger plus dans Editorial

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *