• Ceux qui n’ont pas encore déposé leurs dossiers de candidature pourront l’effectuer jusqu’au jeudi 27 octobre
• L’Isie ne fournit aucune justification à sa décision et laisse la porte ouverte à toutes les interprétations
• On attend que Farouk Bouasker annonce la modification du calendrier électoral déjà publié au Jort
Hier, lundi 24 octobre, La Presse écrivait dans son éditorial que les Tunisiens devraient attendre que l’Instance supérieure indépendante des élections (Isie) annonce, à 18 heures précises, la clôture du dépôt des candidatures aux élections législatives anticipées programmées pour le 17 décembre prochain et dévoile, par la même occasion, à l’opinion publique nationale et internationale le nombre définitif des candidats potentiels (le nombre de candidats qui participeront effectivement à l’opération électorale ne devant être connu officiellement que le 21 novembre prochain, après l’examen par le tribunal administratif des recours qui seront déposés par les candidats que l’Isie pourrait débouter) à la députation.
Hier, au moment où l’on attendait que Farouk Bouasker, président de l’Isie, ou peut-être Mohamed Tlili Mansri, porte-parole officiel de l’Instance, fournisse aux médias le nombre de candidats ayant déposé leurs dossiers auprès des instances régionales et dévoilent si les 890 dossiers annoncés par les médias, dimanche 23 octobre, auraient grimpé pour atteindre ou dépasser les mille candidatures ou plus ou qu’ils rassurent l’opinion publique sur les cinq circonscriptions électorales à l’étranger qui n’ont enregistré jusqu’à dimanche dernier aucune candidature, l’Isie surprend tout le monde et annonce le plus simplement du monde et sans aucune précision, explication ou justification: le délai de dépôt des candidatures aux élections législatives est prolongé de trois jours, soit du 25 au 27 octobre à 18 heures.
Donc, et sans dire le pourquoi de cette décision, l’Isie prolonge de trois jours, soit le mardi 25, le mercredi 26 et le jeudi 27 octobre, contrairement à ce que prévoit son calendrier électoral déjà publié au Journal officiel de la République tunisienne (Jort), le délai de soumission des candidatures aux législatives anticipées prévues le 17 décembre prochain.
Autrement dit, les candidats retardataires qui n’ont pas réussi à réunir les documents exigés pour la constitution de leurs dossiers selon les conditions exigées par le décret électoral présidentiel du 15 septembre dernier auront encore à leur disposition trois jours pour collecter, par exemple, les 400 signatures des parraineurs qu’ils n’auraient pas convaincus jusqu’ici.
Et comme le communiqué publié par l’Isie ne précise pas pourquoi son conseil directeur a décidé de proroger le délai de clôture du dépôt des candidatures et se contente d’indiquer que «les candidats ayant déjà déposé leurs dossiers peuvent compléter les pièces manquantes», la porte reste grande ouverte à toutes les interprétations possibles, à toutes les lectures, même celles les plus invraisemblables, à l’instar des rumeurs «selon lesquelles les candidats soutenant la dynamique du 25 juillet, donc supporters du Président Kaïs Saïed, n’ont pas réussi à collecter les 400 parrainages exigés, en dépit des facilités, voire des pressions exercées sur les parraineurs par certaines autorités régionales ou locales».
D’autres «explicateurs» ont pris la place de Bouasker et de Mansri — qui refusent de répondre aux questions des médias pour justifier la décision de leur instance — et n’hésitent pas à sauter le pas et à avancer que cette décision aurait peut-être un lien quelconque avec ce que l’on murmure dans certains milieux haut placés dans le sens que le rendez-vous du 17 décembre prochain serait aussi reporté à une date ultérieure. Et ces mêmes sources qui prétendent être au secret de ce qui se passe au Palais de Carthage n’hésitent pas à affirmer que les élections législatives se tiendraient en mars 2023 et que le décret électoral présidentiel du 15 septembre 2022 sera bel et bien amendé comme l’a promis le Président de la République lui-même, à deux reprises, en conférant successivement avec Najla Bouden, Cheffe du gouvernement, et Taoufik Charfeddine, ministre de l’Intérieur.
Encore, certains observateurs s’interrogent: le Chef de l’Etat va-t-il finir par accorder une oreille attentive à ceux parmi ses fidèles soutiens qui lui demandent, ces derniers jours, de reporter les élections en attendant de «créer un climat politique et électoral sain», comme l’a souligné, hier, lors d’une conférence de presse, Mahmoud Ben M’barek, président du parti «Le Harak du 25 juillet».
Et le parti demande au Chef de l’Etat «d’amender la loi électorale et de rectifier le processus du 25 juillet».
Les membres du bureau politique du «Harak du 25 juillet» assurent qu’au cas où le Président de la République n’accéderait pas à leurs revendications, ils appelleront au boycott des élections.
Reste à savoir comment l’Isie va procéder pour modifier son calendrier électoral qui précise, à titre d’exemple, qu’elle statuera dans un délai ne dépassant pas le 31 octobre 2022 sur les demandes de candidature.