• Démarrage d’une opération de vérification de la véracité des diplômes universitaires au sein de l’administration publique.
• Le ministère de l’Education intente un procès contre cinq responsables au sein du commissariat régional à l’éducation à Sidi Bouzid poursuivis pour implication dans le recrutement de faux diplômés.
• L’observatoire Raqaba dénonce le trafic des diplômes, y compris dans les centres de formation professionnelle.
Au moment où la fédération générale de l’enseignement de base relevant de l’Ugtt a accepté, via la commission administrative sectorielle, les propositions du ministère de l’Education et que les instituteurs ont décidé de retourner dans leurs classes pour retrouver leurs élèves et essayer de sauver l’année scolaire en cours, voilà que s’invite, de nouveau, au débat général, une problématique récurrente, celle des diplômes falsifiés.
En d’autres termes, on débat de nouveau sur les milliers de fonctionnaires qui ont réussi à intégrer, au cours des années précédentes, l’administration grâce à des diplômés universitaires trafiqués et à certains réseaux qui ont, paraît-il, profité de la complicité active de «certaines parties officielles» pour les aider à faire fructifier leur commerce illégal et à encombrer les différents secteurs d’activités nationales de quelques milliers d’agents, voire de cadres, qui n’ont ni les diplômes exigés ni la compétence professionnelle nécessaire pour occuper les postes où ils exercent au vu et au su de tout le monde.
Mais comment l’épineuse problématique des diplômes trafiqués est-elle revenue au fronton de l’actualité nationale et qu’est-ce que le gouvernement envisage de faire dans l’objectif de déterminer d’abord le nombre de diplômes falsifiés et de fonctionnaires exerçant à l’heure actuelle par la grâce de ces diplômes et aussi quelle stratégie va-t-on mettre en œuvre dans le but de mettre un terme à ce scandale?
Un audit national des diplômes
Même si le ministère de l’Education s’est rendu compte à l’époque où il était dirigé par l’ancien ministre Néji Jalloul de l’affaire des diplômes falsifiés et même si le ministre actuel Fethi Slaouti a décidé de révoquer cinq responsables au commissariat régional à l’éducation à Sidi Bouzid pour s’être compromis dans l’affaire de certains instituteurs et professeurs aux diplômes trafiqués, le mérite d’avoir évoqué l’affaire et lui conférer une dimension nationale revient, il faut le reconnaître, au ministre de la Formation professionnelle et de l’Emploi et porte-parole officiel du gouvernement, Nasreddine Ncibi, qui vient de dévoiler que le gouvernement a lancé récemment une opération d’audit national ayant pour objectif d’identifier tous les faux diplômes dans l’administration publique et de poursuivre par-devant la justice tous ceux dont la compromission aura été révélée par les enquêtes.
Et le ministre de préciser : «Nous avons déjà mis en place un système électronique qui nous permet de vérifier la véracité ou pour être plus clair si les diplômes ne sont pas faux pour ceux qui exercent ou aspirent à exercer dans la fonction publique».
Les précisions du porte-parole officiel du gouvernement interviennent à la suite des observations faites à plusieurs reprises par le Président de la République, Kaïs Saïed.
Le Chef de l’Etat s’est notamment adressé à un groupe de jeunes lui demandant d’appliquer l’article 38 sur l’emploi des jeunes diplômés au chômage depuis plus de 10 ans en leur disant : «Des milliers de fonctionnaires ont été recrutés grâce à de faux diplômes avec la complicité de qui ont facilité leur intégration. La justice tranchera cette affaire».
Il reste à savoir maintenant comment le gouvernement va procéder dans l’objectif de mettre un terme aux pratiques mafieuses auxquelles recourent certains réseaux qui sont parvenus, comme le précise l’observatoire Raqaba, à trafiquer les diplômes universitaires et à les enregistrer dans les documents officiels relevant de l’administration publique.
L’Observatoire Raqaba ajoute : «Aux premiers mois de la révolution, on a découvert du côté de Tunisair que quelque 200 agents ont été recrutés par le biais de diplômes falsifiés. Certains parmi eux occupent aujourd’hui de hauts postes de responsabilité au sein de la compagnie».
Quant à Néji Jalloul, ancien ministre de l’Education dans le gouvernement Youssef Chahed et actuel président du parti «La coalition nationale», il témoigne : «Plusieurs parmi les enseignants intérimaires ont été recrutés grâce à de faux diplômes universitaires et certains parmi eux sont âgés de près de cinquante ans».
Encore une précision, la falsification des diplômes ne concerne pas uniquement ceux délivrés par le ministère de l’Education à l’instar du fameux baccalauréat où ceux sanctionnant les études supérieures délivrés par les facultés et les instituts d’enseignement supérieur, ils concernent également les diplômes fournis par les centres de formation professionnelle, qu’ils appartiennent au secteur public, donc sous l’égide du ministère de la Formation professionnelle et de l’Emploi, ou relevant du secteur privé.