L’événement Industry Innovation Day (IID 2022) a été l’occasion de braquer les projecteurs sur les défis futurs de l’industrie automobile dans le monde, avec un focus sur la Tunisie. Entre besoins d’innovation et exigences environnementales, le secteur surfe sur la vague de la mobilité électrique. Les industriels tunisiens, dos au mur, doivent se mettre au diapason des technologies de pointe.
C’est, d’ailleurs, le message-clé qui a été mis en avant par les divers panélistes qui ont été présents lors de l’événement. Des tables rondes, ateliers et interventions prononcées par des acteurs de l’industrie automobile tunisienne et européenne ont rythmé cette journée qui fait la part belle à l’innovation. Co-organisé par la GIZ, la TAA (Tunisia Automotive Association), AHK, Wevioo et Novation City, l’événement, qui s’est tenu, mercredi 23 novembre à Gammarth, a permis de traiter des mutations technologiques du secteur et d’échanger autour des opportunités qui se présentent à la Tunisie grâce à ces changements majeurs qui s’opèrent dans la chaîne de valeur automobile.
Le tissu industriel tunisien à l’épreuve des changements
Intervenant lors du panel “ Orientations stratégiques de l’industrie automobile internationale», Adel Ben Khaled, COO de Nexans Afrique du Nord, a souligné que l’émergence de la tendance Case (Connected, autonomous, shared, electrified), ainsi que l’électrification du parc automobile en Europe constituent aujourd’hui deux changements majeurs auxquels est confronté le secteur. En effet, pour s’aligner sur la politique climatique de l’Union européenne qui exige l’atteinte de la neutralité carbone en 2050 et l’interdiction de la vente de véhicules thermiques, les constructeurs automobiles sont entrés en piste. Ils ont, d’ores et déjà, basculé vers le tout électrique, poussant ainsi leurs fournisseurs, y compris les fournisseurs tunisiens (qui ont développé une excellence dans le câblage), de prendre le virage vert et se mettre au diapason des technologies de pointe.
Expliquant que la guerre en Ukraine a ouvert un boulevard à l’industrie des composants automobiles en Tunisie, Ben Khaled a précisé que cette opportunité n’a pas été bien saisie par les autorités tunisiennes. Il est revenu, dans ce contexte, sur la décision du groupe de dupliquer la production en Tunisie, suite à l’arrêt de ses usines ( qui sont au nombre de 3) basées en Ukraine et d’ouvrir une unité jumelle pour prendre le relais. Il a fait savoir que cette décision a été rendue possible, entre autres, grâce à la disponibilité des compétences en Tunisie, précisant que le site nouvellement créé est entré en production depuis mai dernier. S’agissant des défis auxquels fait face l’industrie des composants automobiles en Tunisie, Ben Khaled a appelé à la mise en place d’une stratégie qui appuie l’électrification du parc automobile en Tunisie.
Le déploiement des véhicules à hydrogène, une opportunité pour la Tunisie
Affirmant que “l’industrie automobile est en train de changer’’, Nabil Nachi, représentant de Hyundai, a souligné que le passage vers l’électrique nécessite au préalable une infrastructure de recharge pour les voitures électriques. Il a, en outre, fait savoir que le déploiement des véhicules à hydrogène devrait être une opportunité pour la Tunisie, dans le sens où cela va contribuer au développement de cette source d’énergie renouvelable et propre. Selon Nachi, la Tunisie a toutes les potentialités pour devenir un producteur et exportateur (vers l’Europe) d’hydrogène vert. Pour ce faire, il faut investir dans cette technologie et prendre part aux projets de déploiement réalisés par l’Europe, qui mise beaucoup sur cette filière, estime-t-il.
Les intervenants du panel ont, par ailleurs, mis l’accent sur le nearshoring en tant que politique privilégiée par les constructeurs européens, qui optent pour la délocalisation dans les pays voisins afin de réduire leur empreinte carbone.
Réussir la mise en œuvre du pacte de compétitivité
De son côté, Fethi Sahlaoui, directeur général des industries manufacturières au sein du ministère de l’Industrie, des Petites et Moyennes entreprises, a mis l’accent sur le décloisonnement de l’administration qui travaille, aujourd’hui, de concert avec le secteur privé pour mener à bien les objectifs du pacte de compétitivité de l’industrie automobile à l’horizon 2027. Il s’agit, selon lui, d’accélérer la mise en œuvre de cette stratégie et de prospecter toutes les opportunités qui se présentent à la Tunisie dans ce secteur. “On est conscient qu’il s’agit bien d’un écosystème qu’on doit impulser pour promouvoir l’industrie automobile et, notamment, la mobilité électrique”, fait-il remarquer. Il a, par ailleurs, ajouté que le département de l’industrie est en train de négocier avec le ministère des Finances autour de mesures pouvant être intégrées dans la loi de finances 2023 et visant à encourager la mobilité électrique.