Maher Jedidi, vice-président de l’Isie, est tranchant : «La Haica n’a aucun droit de superviser la couverture médiatique de la campagne électorale». Plus encore, l’Isie annonce qu’elle n’a pas introduit un recours auprès du tribunal administratif contre la décision de l’Instance de superviser elle-même la couverture de la campagne par les médias
Les Tunisiens, plus particulièrement ceux qui vont prendre part aux élections législatives anticipées programmées le 17 décembre prochain dont la campagne a démarré, au plan national, le 25 novembre pour se poursuivre jusqu’au 15 décembre prochain, sont dans la perplexité totale, vivent dans un climat de désarroi sans précédent et ne savent pas sur quel pied danser dans la mesure où ils ne savent pas non plus qui croire : l’Instance supérieure indépendante des élections (Isie) ou la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (Haica) ?
En effet, l’Isie et la Haica se livrent une guerre de compétences sans merci au point que non seulement les analystes et les observateurs ne sont pas en mesure de savoir si c’est l’Isie qui organise, contrôle et supervise l’ensemble de l’opération électorale ou si c’est la Haica qui continue toujours l’exercice de ses compétences, plus particulièrement dans le domaine de la supervision de la couverture médiatique de la campagne électorale et la possibilité qui lui est offerte de sanctionner les médias audiovisuels qui ne respecteraient pas les normes qu’elles a déjà fixées dans un communiqué qu’elle a publié unilatéralement sans que l’Isie n’y participe et n’en avalise la publication.
Plus encore, les médias ne savent pas, face à la confusion régnante en matière de supervision de la couverture journalistique de la campagne électorale, s’ils seront pénalisés en cas d’infraction aux conditions posées par la Haica ou par l’Isie.
Il est à préciser que l’Isie, par la voix de son vice-président, le juge administratif Maher Jedidi, a décidé que seules les directives publiées doivent être respectées par les médias, que les procédures annoncées par la Haica sont nulles et non avenues, «tout simplement, confie-t-il à la Radio FM, parce que l’Isie bénéficie, conformément aux dispositions de la loi électorale de 2014, de la gouvernance totale, complète et exclusive de la gouvernance de l’opération électorale durant toutes ses étapes, depuis l’actualisation du registre électoral jusqu’à l’annonce des résultats définitifs des élections».
Et Maher Jedidi de fournir, lors de la même émission, une information dont le contenu, au cas où elle serait confirmée officiellement (au niveau du tribunal administratif), aura une incidence très particulière sur l’opération électorale.
Le vice-président de l’Isie a déclaré textuellement : «La Haica n’a pas introduit de recours auprès du tribunal administratif pour contester notre décision de superviser unilatéralement la couverture médiatique de la campagne».
Eviter les délits électoraux
Et en attendant que Hichem Senoussi, le membre le plus influent médiatiquement de la Haica, réagisse à l’information donnée par Maher Jedidi, l’Isie poursuit l’application de son plan de supervision de la couverture médiatique, de la campagne électorale en annonçant la création d’un observatoire qui aura à suivre les plans de couverture qui lui ont été déjà soumis par les médias qui ont accepté ou avalisé sa décision de suivre elle-même la couverture médiatique de la campagne.
«L’observatoire en question est dirigé par un ancien directeur de la TV nationale épaulé par une vingtaine de journalistes et de communicateurs disposant d’une expérience avérée en la matière», ajoute encore Maher Jedidi qui conclut en révélant que seul le rapport que fournira l’observatoire en question sera pris en considération lors de la proclamation des résultats définitifs des élections.
Quant à Farouk Bouasker, président de l’Isie, il n’a pas manqué, lors d’une visite qu’il a effectuée à l’observatoire de supervision, de rappeler à l’intention des contrôleurs de la campagne électorale engagés par l’Isie d’éviter de tomber dans la confusion pour ce qui est des infractions et des délits électoraux.