«Il est rare qu’un artiste se rappelle au bon souvenir de ses fans lors de sa 101e année. Voici donc un bien aimable—et inattendu—bienfait du Covid qui avait empêché, l’an passé, la tenue de l’exposition du centenaire de Jellal Ben Abdallah», écrit Amin Bouker, l’éditeur du livre et l’initiateur de l’exposition consacrée à l’Homme de Sidi Bou Saïd.
Pour cet hommage, Amin Bouker a vu grand. Il a invité 40 artistes de toutes obédiences, de toutes générations et de toutes inspirations à l’accompagner dans ce devoir de mémoire. Mais un devoir qui n’est pas que de mémoire, car la trace perdure et le sillon lumineux dessiné par l’artiste ne s’éteint guère. Il s’agissait, dans cette célébration, de montrer que les grands talents ont des échos et qu’au-delà du temps et de l’espace, ils continueront d’influencer les générations à venir.
Chacun des artistes contemporains a choisi une œuvre qui lui «parlait», qui l’inspirait, et en a fait non un travail de copiste, mais le souffle d’un travail contemporain, et l’essence d’une reconnaissance intemporelle.
Dans le très beau livre réalisé à l’occasion de cette confrontation, on met en vis-à-vis l’œuvre de Ben Abdallah, et ce que l’artiste invité en a retiré. Le résultat est étonnant tant l’écho est présent dans tous les modes d’expression et toutes les disciplines embrassées par le maître : peinture figurative ou abstraite, mosaïque, sculpture, céramique, photographie. Et l’on a invité Lyès Annabi à mettre des mots sur ces œuvres. Son texte n’est pas un texte pensé, lentement élaboré, ciselé, mais un jet spontané, déclenché dans l’immédiate rencontre avec l’œuvre.
L’exposition des œuvres des 40 artistes se fera en vis-à-vis avec l’exposition d’œuvres de Ben Abdallah.
Et pour bien prouver que son œuvre est intemporelle, on verra présentés les travaux… d’une classe de maternelle ayant travaillé sur la peinture du maître.
