«L’année 2023 verra l’instauration d’une panoplie de mesures en faveur de la mobilité électrique», estime le chef du programme énergie au ministère de l’Industrie, de l’Energie et des Mines, Belhassen Chiboub.
La transition vers la mobilité électrique était au cœur des débats qui ont rythmé la «Journée nationale du transport intelligent écologique et de la mobilité électrique», qui s’est tenue récemment à Tunis. Organisé par «AM Media Plus» en partenariat avec «STB», «Agil» et «ETC», l’événement était l’occasion de rassembler les acteurs de l’écosystème des transports autour de la même table pour discuter des défis de la transition énergétique dans le secteur du transport. La journée a été ponctuée de tables rondes sur des thématiques diversifiées, telles que les réseaux de bornes de recharge ou le cadre réglementaire, mais aussi de temps d’échanges entre assureurs, concessionnaires et représentants du département de tutelle et des administrations concernées.
Des villes non favorables à la mobilité durable
Soulignant le lien étroit qui existe entre efficacité énergétique des transports et extension des villes, Fethi Hanchi, directeur général de l’Agence nationale pour la maîtrise de l’énergie (Anme), a précisé que le modèle selon lequel les villes tunisiennes évoluent et se développent va à l’encontre de la mobilité durable. Selon Hanchi, la répartition géographique des villes en zones d’activités économiques et villes dortoirs satellites impacte négativement la planification du transport urbain. «On doit en finir avec la conception actuelle de nos villes. Il faut concevoir des villes multifonctionnelles basées sur le transport collectif», fait-il remarquer.
Il a, en ce sens, ajouté que de plus en plus de citoyens boudent le transport en commun pour recourir au transport individuel qui est énergivore (il consomme 4 fois plus que le mode collectif). En témoigne, d’ailleurs, la baisse du nombre des voyageurs transportés par la «Transtu» qui est passé de 330 millions en 2005 à 210 millions en 2015. Rappelant que la Tunisie s’est engagée pour atteindre la neutralité carbone en 2050, Hanchi a souligné que la réalisation de cet objectif dépend du taux d’intégration des énergies renouvelables qui devrait dépasser, dans ce cas, les 80%. Selon le responsable, la réalisation de ces taux passe obligatoirement par l’électrification des usages, particulièrement dans le secteur du transport. Il estime que la mobilité électrique est la solution pour réussir la transition énergétique dans ce secteur.
5.000 voitures électriques en 2025
«Aujourd’hui, passer à la mobilité électrique n’est plus un choix», a souligné, de son côté, Belhassen Chiboub, chef du programme énergie au ministère de l’Industrie, de l’Energie et des Mines. Mettant l’accent sur l’aggravation du déficit énergétique, sur la nécessité de diversifier les ressources énergétiques, mais aussi sur la hausse du coût des produits pétroliers, le responsable a affirmé que la mobilité électrique est désormais un passage obligé. Il a rappelé, dans ce contexte, les mesures qui ont été prises dans le cadre de la loi de finances 2022, pour encourager la mobilité électrique en Tunisie (suppression des droits de douane pour les voitures électriques et réduction de 50% pour les voitures hybrides), tout en soulignant que l’année 2023 verra l’instauration d’une panoplie de mesures en faveur de la mobilité électrique. Il a, par ailleurs, fait savoir que l’objectif du ministère est d’atteindre 5.000 voitures électriques circulant en Tunisie en 2025. «L’interaction entre la mobilité électrique et l’intégration des énergies renouvelables réside dans la solution de stockage intelligent, ce qu’on appelle le “demand-side-management” qui nous permettrait de mieux intégrer les énergies renouvelables», a-t-il indiqué.
Mettant l’accent sur les atouts de la Tunisie en tant que site compétitif pour l’industrie automobile, Chiboub a appelé de ses vœux la création d’une dynamique basée sur des partenariats gagnant-gagnant permettant de mettre sur pied une industrie de composants automobiles spécialisée dans les véhicules électriques (câblage, batterie…).
Intervenant sur le sujet de l’assurance pour les voitures électriques, Imed Hamdi, directeur central de la Ftusa, a, en somme, fait savoir que les assureurs ne sont pas encore prêts à se lancer dans cette activité en raison du flou réglementaire qui persiste.