Soumise de longue date aux variations climatiques, la Tunisie subit un sévère déficit pluviométrique et une baisse alarmante des réserves en eau dans tous les barrages de près de 761,8 Mm3 jusqu’au mois de septembre 2022 contre 705,3 Mm3 enregistrés à la même date de 2021 et une moyenne enregistrée au cours des trois dernières années de 1.050,6 Mm3 , soit un déficit de 288,8 Mm3, selon les statistiques officielles. Ce déficit demeure un indicateur inquiétant et le ministère de l’Agriculture essaie de contenir les effets dévastateurs de la sécheresse qui pointe à l’horizon. La Tunisie fait face à un stress hydrique qui est devenu apparent ces dernières années. Cette situation préoccupante et inquiétante n’est pas sans impact sur le secteur agricole, dont la production sera affectée à l’avenir si aucune stratégie efficiente n’est mise en place pour garantir la disponibilité pérenne de la ressource en eau. Le déficit pluviométrique est clairement perceptible, il s’est accentué un peu partout dans le monde depuis la moitié des années 70. Les climatologues estiment cette réduction à 20-30% à la fin du siècle passé. Le stress hydrique s’est installé de façon permanente depuis près d’un demi-siècle. La recrudescence et l’intensification de ces épisodes dans les décennies à venir menaceront durablement la sécurité alimentaire nationale. En Tunisie, la situation des agriculteurs est en train de devenir alarmante face à la chute de leurs revenus. Les plus vulnérables étant ceux qui tirent leur subsistance d’une agriculture pluviale. Ils sont violemment exposés à une nouvelle gestion de l’imprévisibilité des stress et des chocs qui s’accroîtront inexorablement. Les appels de détresse des éleveurs et agriculteurs sont une alerte qui reflète un basculement vers la pauvreté. En considérant qu’un emploi dans la sphère de production génère, au moins, trois autres emplois, transport-commerce-valorisation… La vulnérabilité du pays au changement climatique étant particulièrement élevée, on s’attend à d’importantes chutes de production, sachant que les rendements agricoles sont déjà en baisse. Il aurait fallu développer en urgence une politique d’adaptation au changement climatique pour préserver et la production et les revenus des agriculteurs.Tous les scénarios mondiaux prédisent que les effets du changement climatique ne feront que prendre de l’ampleur. Les modèles climatiques montrent que la diminution de la pluviométrie aura des grandeurs comparables ou supérieures pour ce XXIe siècle. Ainsi, les années à venir seront plus sèches et plus chaudes. L’eau demeure désormais au centre de tous les enjeux. Eu égard à la baisse de la pluviométrie, aux défaillances dans la maintenance des barrages et dans la gestion de la distribution, les besoins sont en forte croissance, que ce soit pour la consommation domestique, l’industrie, le bâtiment ou l’agriculture, alors que les ressources sont limitées. Le taux de remplissage des barrages en témoigne. En effet, le volume stocké dans les barrages a atteint 678 Mm3 contre 717 Mm3 l’année dernière. Pour l’ensemble des barrages, le taux de remplissage s’élève jusqu’à aujourd’hui à 32,8%.