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L’essentiel | Agriculture intelligente et sécurité alimentaire : L’innovation entre en scène

 

Les innovations constituent des leviers importants de changement, d’adaptation et de rationalisation face aux défis multiples que rencontre l’agriculture tunisienne. Ces innovations permettent, en effet, de rompre avec les réflexes du passé et des modèles de gestion obsolètes. Aller vers une agriculture intelligente est un choix judicieux, car la dimension digitale pourrait transformer et réorienter le développement agricole dans le cadre des nouvelles réalités de toutes sortes de changements, y compris climatiques, en vue d’assurer la sécurité alimentaire des consommateurs, et appuyer la stabilité et la croissance économique et sociale.

Gagnée par la déferlante du numérique et du digital, l’agriculture mondiale a connu, au cours des deux dernières décennies, de profonds changements. Les nouvelles technologies ont bouleversé le quotidien des agriculteurs et les modes de gestion des exploitations agricoles. La Tunisie ne peut pas certes demeurer en marge de cette nouvelle révolution agricole.

Les agriculteurs du monde entier se lancent depuis quelques années dans l’agriculture intelligente pour faire face aux changements climatiques. Une nouvelle approche de l’agriculture visant à atteindre simultanément trois objectifs, désignés par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) sous le nom de «triple gain», à savoir : l’augmentation durablement de la productivité et les revenus agricoles,  l’adaptation et le renforcement de la résilience au changement climatique et la réduction et/ou la suppression des émissions de gaz à effet de serre afin d’atteindre les objectifs nationaux de sécurité alimentaire et de développement.

L’agriculture intelligente est basée principalement sur l’utilisation de la technologie et des techniques agronomiques améliorées pour accroître la productivité des exploitations agricoles, il s’agit, par exemple, d’utiliser de nouvelles variétés de cultures tolérantes à la salinité et résistantes à la sécheresse, de techniques nucléaires et isotopiques pour améliorer le rendement des cultures sur les sols salés…etc.

De nos jours, environ 38% des terres de la planète sont utilisées pour l’agriculture, dont un tiers pour les cultures et le reste pour le pâturage du bétail. Et comme le secteur de l’agriculture contribue à hauteur de 23% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, ce qui les place en deuxième position derrière le secteur de l’énergie, il est évident que des changements doivent être apportés à la manière dont les pays gèrent leurs terres et produisent les aliments afin d’atteindre une neutralité carbone à moyen terme.

La Tunisie, comme de nombreux pays, subit les effets des changements climatiques. Le stress hydrique étant le principal danger. En raison de ce changement climatique, le pays est confronté à un problème très grave de pénurie d’eau dans les régions à fort potentiel agricole. Il devient donc crucial de mettre en place une agriculture plus adaptée aux changements climatiques et d’utiliser des solutions technologiques plus avancées pour limiter l’effet du climat sur la production agricole.

Une agriculture intelligente pourra ainsi accroître la résilience des agriculteurs  face au changement climatique, tout en contribuant à l’augmentation de la productivité et à l’atténuation de ce phénomène.  A travers des systèmes d’informations géographiques et d’irrigation intelligents, des capteurs IoT (appareils de l’internet des objets), des drones, l’intelligence artificielle (IA), le Big Data … l’agriculture intelligente est désormais plus que jamais une révolution à portée de main. Elle constitue aujourd’hui  une révolution globale à fort impact social et économique. La Tunisie dispose de tous les atouts structurels pour tirer profit de ces nouvelles technologies dans le secteur agricole très dépendant aux aléas climatiques.

C’est dans cette configuration qu’a été donné, au mois de mars dernier, le signal de lancement du satellite tunisien « One Challenge », aux fins de son usage  dans l’agriculture intelligente, la céréaliculture et la rationalisation de l’utilisation de l’eau d’irrigation.

Par ailleurs, une expérience, première  du  genre en Afrique et dans le monde arabe,  a été menée dans l’un des domaines agricoles de Bousalem (gouvernorat de Jendouba), en coordination avec la société Telnet, spécialisée dans l’ingénierie et la technologie, et l’Institut national des grandes cultures.

Cette expérience pionnière  consiste à relier des exploitations agricoles appartenant à l’Institut national des grandes cultures à l’intranet des objets, où des données sur l’humidité, la chaleur  et les maladies des plantes sont détectées par le biais des capteurs installés sur les terres agricoles et qui seront ensuite  transmises  au satellite « One Challenge » .

Par la suite, des instructions seront émises pour contrôler les équipements agricoles à distance afin de traiter ou irriguer les terres.

Cette solution technologique permet de connaître les parties qui doivent être irriguées d’une façon précise et de déterminer le taux de fertilité du sol et la quantité nécessaire des fertilisants.

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