Les législatives qui viennent d’être organisées étaient censées faire entrer le pays dans une phase de stabilité politique et signer un retour à la constitutionnalité. Or, la faible participation au scrutin du 17 décembre 2022 est devenue l’arme de l’opposition pour faire entrer le pays dans une nouvelle crise ouverte à tous les possibles. Les uns appellent carrément au départ du Chef de l’État, alors que les autres revendiquent la démission du gouvernement et l’organisation de nouvelles élections présidentielle et législatives. Cette énorme abstention électorale, présentée comme une «victoire» sur Saïed, n’est pourtant pas un message de soutien à l’opposition. Pour preuve, les appels à manifestation lancés par plusieurs partis avant la tenue des élections n’ont trouvé que peu d’écho et ont connu une faible mobilisation des masses. C’est que les Tunisiens, qui ont perdu confiance en la classe politique, quels que soient son orientation, son discours ou ses promesses, n’ont plus la passion politique et ne veulent plus donner de crédit à ceux qui divisent et attisent les tensions au sein d’un seul peuple. Et si des voix applaudissent ce «silence électoral» et que d’autres classent les non-votants comme des citoyens non patriotes, c’est que de part et d’autre on continue à dévaloriser encore une fois le message des Tunisiens. Ce message est pourtant adressé à l’ensemble de la classe politique, qu’elle soit partisane de Saïed ou contre la voie qu’il a tracée.
En effet, cette abstention est l’expression forte d’une colère contre le rêve inaccompli, le projet toujours inachevé. Cette attitude est le résultat de l’immobilisme et du conservatisme qui bloquent le mouvement, le progrès, la prospérité. C’est un appel à l’action, à la justice et à l’égalité des chances. C’est pourquoi ce scrutin ne doit pas servir à élargir le lit des divisions entre votants et non-votants mais plutôt il doit guider nos pas pour conjuguer une identité forte avec une aspiration plus grande pour le vivre-ensemble où chacun se reconnaît dans un idéal et un destin communs. C’est un idéal que, quelles que soient nos aspirations, nous n’avons pas le droit de trahir. Ce qui nous impose de regarder la vérité en face pour pouvoir construire ensemble un avenir plus reluisant après tant d’années d’errance. Car il ne sert à rien de glorifier l’abstention ou de minorer la participation à des fins politico-politiciennes. Les Tunisiens ne sont pas dupes et savent qui s’abrite derrière les grands principes non pas pour combattre les injustices, les inégalités, les discriminations mais pour servir ses propres intérêts. Il ne suffit pas de brandir les slogans mais de concrétiser les promesses, de changer le quotidien et de faire bouger les lignes. Le message des Tunisiens est clair comme de l’eau de roche. Il cherche uniquement un bon entendeur.
KHEMIRI
20 décembre 2022 à 20:42
Vous devriez faire lire et relire votre édifiant éditorial par le Président Kaïs Saïed lui-même afin qu’il descende de son piédestal et puisse voir la réalité en face.