Accueil Editorial Pourquoi a-t-on boudé les urnes ?

Pourquoi a-t-on boudé les urnes ?

Editorial La Presse

 

Le taux de 11% de participation au premier tour des législatives est, dans tous les cas, un flop qu’il faudra bien expliquer. C’est une abstention significative, un rejet du fond et de la forme de ces élections. Les différentes interprétations statistiques et politiques se rejoignent en une idée simple : une grande partie des Tunisiens, pour une raison ou une autre, ne se sont pas retrouvés dans ces élections législatives. On devrait bien lire par exemple le message des jeunes qui ont boudé  à 95% ce premier tour, ainsi que les autres catégories d’âge habituées à aller voter avec ferveur. Et dire qu’au fil des années, le taux de participation a chuté, et le désintérêt s’est accru au gré des échecs politico-économiques de cette Tunisie post-2011. Pourtant, nous étions privés de liberté de choix de nos gouvernants, mais on arrive au jour où cela ne représente plus rien aux yeux de la majorité écrasante des électeurs. Pourquoi alors ? Quelques idées explicatives sommairement. D’abord, ces élections sur les personnes et avec ces règles exclusives qui ont empêché plusieurs corps de métiers de se présenter ont tourné plus à des élections municipales que législatives. Les critères de création des circonscriptions ont été dans plusieurs cas illogiques et ont créé des déséquilibres dans un même gouvernorat. Donc, des candidats pas très convaincants à vrai dire, qui ont compté sur les membres de la famille,  les voisins et les amis, pour totaliser des voix. Autre explication : les élections sur les personnes ne veulent pas dire marginaliser les partis, mais dans le cas tunisien, on a «banni» et «étouffé» les partis politiques par tous les moyens, ce qui a créé cette démobilisation sur le terrain. Les chiffres parlent d’eux-mêmes, et avec une Isie qui n’a pas bien vendu son produit (pas de pub, pas de campagnes de sensibilisation), il était normal que cela finisse par ce fiasco électoral. C’est également une contestation de la façon dont ce processus du 25 Juillet a évolué, c’est aussi un veto aux politiques du Président Kaïs Saïed, artisan à lui seul de la forme et des règles de ces élections législatives. Le futur parlement suivant la nouvelle constitution n’aura pas, certes, de larges prérogatives, mais ce n’est pas cela la vraie cause. Il faudra voir ce qui se passe chaque jour pour les Tunisiens dans leur calvaire quotidien. Les temps durs, la crise économique aiguë et l’absence de solutions réactives et préventives ont fini par tuer l’enthousiasme. On voit plus une exaspération générale face à la politique et la démocratie et un rejet de la façon dont le Président gouverne depuis plus d’une année sans pouvoir susciter de l’espoir et créer des prémices réelles de changement.

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