Le nouveau patron des Aigles de Carthage doit être le fruit d’une mûre réflexion. Avec un nouvel objectif : changer de principe de jeu et de méthode de travail
Ce qui est sûr, c’est que Wadie Jary a pris la décision de lâcher Jalel Kadri et de faire appel à un autre sélectionneur. Ce qui n’est pas encore sûr, c’est le nom du successeur. Le président de la Fédération est encore en train de brosser le portrait robot du futur chef de staff de l’équipe de Tunisie. Il sait que cette fois, il n’aura plus droit à l’erreur et qu’on ne lui pardonnera plus un autre mauvais choix. La venue de Jalel Kadri à la tête des Aigles de Carthage était plus le fruit du hasard qu’une décision après mûre réflexion suite au départ inopiné de Mondher Kebaier après la Coupe d’Afrique au Cameroun et avant le match barrage décisif contre le Mali qui nous a qualifiés pour la Coupe du monde Qatar 2022. Le temps ne permettait pas d’opter pour un nouveau staff et le mieux était de confier l’équipe à l’entraîneur adjoint sur place pour assurer la continuité. Ce n’est plus le cas maintenant. Après une Coupe du monde qui n’a pas atteint l’objectif souhaité qu’est le passage au second tour, l’heure est au changement sans avoir à attendre de faire le bilan. Le management controversé de Jalel Kadri avec des hauts (nul face au Danemark et victoire sur la France) et des bas (défaite contre l’Australie qui nous a coûté une sortie prématurée du Mondial) ne plaide pas en faveur de son maintien. La qualité de son vécu pas très riche comme joueur et comme entraîneur est son principal handicap. Il aurait dû démissionner à Qatar même ou tout juste après le retour à Tunis même si une clause de son contrat stipule qu’il est résilié de plein droit en cas d’échec d’atteindre les huitièmes de finale de la Coupe du monde. Il ne l’a pas fait dans l’espoir d’être reconduit à son poste. Il hésite encore à le faire même si le mince espoir s’est évaporé.
Changer les critères
La première chose à laquelle doit penser Wadie Jary, c’est de choisir un staff large, une équipe de techniciens avec un chef qui repose sur des adjoints de confiance. La piste de sélectionneur tunisien doit être écartée car on n’a pas actuellement le profil d’un entraîneur, ancien joueur international tel que l’entraîneur marocain Walid Regragui qui a su fédérer un groupe de stars autour d’un projet de jeu et le bâtir sur le collectif qui gagne. Plusieurs noms circulent et sont même sur la table mais ce ne sont que des ballons d’essai pour sonder l’opinion et aucune décision n’est prise. La première erreur à ne pas commettre, c’est de choisir un nom qui divise cette opinion, un entraîneur qui a son lot de détracteurs avant même d’avoir enfilé son survêtement pour la première séance d’entraînement. La sélection a besoin d’un chef de staff, qui a de la carrure, qui a de la hauteur. Pour pouvoir maîtriser son effectif et susciter la motivation de ses joueurs. Et qui a aussi le sens de la communication bien développé, qui a un bon côté relationnel pour avoir l’adhésion nécessaire des joueurs, des supporters et des médias autour de sa méthode de travail et de son projet. Et ce projet ne peut être que d’en finir et de rompre avec un principe de jeu bâti sur le bloc défensif sans aucun génie, sans attraction et sans efficacité au niveau offensif. Et de chercher un système de jeu nouveau avec le 4-4-2 et le 4-3 -3 avec le pressing haut en bloc, la transition rapide, la verticalité, la profondeur, le droit au but, le spectacle et le show comme l’a si bien montré l’équipe de France de Didier Deschamps en cette Coupe du monde dans la finale à sensation contre l’Argentine dont elle a été le vainqueur moral malgré l’échec aux tirs au but. L’école française est actuellement la meilleure au niveau mondial en matière de compétences pour la promotion de ce football total moderne qui s’articule sur la vitesse et la puissance, la séduction et l’efficacité. Pour changer le visage pâle de notre football et de notre sélection qui se sont enlisés dans ce jeu à l’économie, attentiste, trop défensif et pas assez créateur et séducteur, l’école française est donc la bonne adresse et la bonne destination pour le choix du futur sélectionneur et même de tout un staff de l’équipe de Tunisie. Ce sera l’option idéale pour remonter la dure pente et rattraper tout ce retard avec des équipes qui ont beaucoup progressé et sont en train de nous dépasser de très loin. L’équipe du Maroc, grâce à une très belle Coupe du monde, a raflé la première place au classement africain et arabe et a grimpé tout près des tops 10 au niveau mondial, à la onzième place.