Les salariés du secteur public ayant suivi un enseignement supérieur bénéficient d’une prime d’environ 46% par rapport à ceux ayant suivi un enseignement secondaire (par heure travaillée), contre une prime d’environ 14,4 % dans le secteur privé.
Dans son dernier rapport sur le «Paysage de l’emploi en Tunisie», la Banque mondiale est revenue sur les retombées économiques de l’enseignement supérieur dans les secteurs public et privé, qui sont considérées “importantes et plus élevées” en Tunisie par rapport aux pays à revenu moyen et élevé.
Une prime d’environ 48%…
L’institution financière estime qu’en 2019, les travailleurs ayant suivi un enseignement primaire ont bénéficié d’une prime d’environ 12,6% par heure travaillée par rapport aux travailleurs non scolarisés. L’enseignement secondaire a, quant à lui, donné lieu à une prime supplémentaire d’environ 9,1% par rapport à l’enseignement primaire (soit 21,7%), alors que pour l’enseignement supérieur, il offre une prime de 26,1% par rapport à l’enseignement secondaire (soit 47,8%).
Mais conformément aux données des pays en développement, les retombées économiques n’augmentent pas de façon automatique avec le niveau de scolarité, estime l’institution internationale. En outre, dans le cas de la Tunisie, les retombées économiques de l’enseignement sont bien supérieures à celles observées dans les pays à revenu moyen et élevé, notamment en ce qui concerne l’enseignement supérieur.
Le secteur privé en perte de vitesse
Dans le secteur privé, les retombées économiques de l’enseignement supérieur par rapport à l’enseignement secondaire ont diminué, passant d’environ 21% en 2012 à 14% en 2019. La prime associée à l’enseignement secondaire, qui s’ajoute à celle de l’enseignement primaire, oscille entre 5 et 6%. En revanche, les retombées économiques de l’enseignement primaire sont passées d’environ 8 à près de 11%.
Cela semble correspondre à une augmentation de l’offre de personnes en âge de travailler titulaires de diplômes universitaires qui ne s’accompagne pas d’une croissance aussi importante de la demande pour ce type de niveau d’études. En outre, certains diplômés sont susceptibles de chercher des emplois qui exigent un niveau de compétences inférieur au leur et contribuer ainsi à réduire les retombées économiques de l’enseignement supérieur. En 2021, Marouani et Minh constatent que la part des emplois moyennement et faiblement qualifiés occupés par des travailleurs ayant suivi un enseignement supérieur a augmenté au détriment des emplois hautement qualifiés.
En revanche, les retombées économiques de l’enseignement supérieur ont augmenté de manière modeste dans le secteur public, et elles sont environ trois fois plus élevées dans le secteur public que dans le secteur privé. Si les retombées économiques de l’enseignement primaire ne sont pas très différentes entre les secteurs public et privé, le fait de détenir un certificat d’enseignement secondaire est plus payant dans le secteur public (27,4% de plus que l’enseignement primaire dans le secteur public contre 5,4% de plus que l’enseignement primaire dans le secteur privé en 2019).
L’écart s’est creusé encore plus au fil du temps dans le cas de l’enseignement supérieur : les salariés du secteur public ayant suivi un enseignement supérieur bénéficient d’une prime d’environ 46% par rapport à ceux ayant suivi un enseignement secondaire (par heure travaillée), contre une prime d’environ 14,4% dans le secteur privé.