L’accord, signé le 20 octobre 2020, portant sur la régularisation de la situation de 31.000 ouvriers de chantier, est déjà en vigueur, mesure qui avait, alors, énormément soulagé la catégorie d’âge de moins de 45 ans. Pour le reste, cela n’est pas évident !
Bien que ce fameux accord ait été finalisé, les travailleurs âgés de 45-55 ans n’y voient qu’une demi-solution, puisqu’ils sont en attente depuis plus de dix ans. Sans issue ! Le problème de l’emploi précaire n’est pas encore résolu.
Il y a quelques jours, ces travailleurs temporaires, jusque-là non titularisés, ont observé un sit-in à la Kasbah, réclamant la régularisation de leur situation. Mais le gouvernement en place a toujours fait la sourde oreille. Réaction qui leur fit monter l’adrénaline et pousser le bouchon trop loin. Et les frondeurs reviendront à la charge. « Nous allons entamer, à partir du 9 janvier prochain, une série de mouvements de protestation, après le mutisme du gouvernement et la négligence de nos revendications consistant en l’application de l’accord précité et les procédures de titularisation ou de départ volontaire », déclare, à l’agence TAP, Imen Azri, membre de la coordination des travailleurs des chantiers. Sans pour autant exclure une éventuelle escalade, menaçant de décréter une grève de la faim jusqu’à satisfaction de leurs revendications.
Un feuilleton mexicain !
Tel un feuilleton mexicain, ce dossier explosif traîne encore en longueur, sans en venir à bout. A chaque fois, il refait surface. Retour à la case départ, pour ainsi dire. Et combien de fois, ladite coordination vient de hausser le ton, demandant à ce que le gouvernement lui trouve solution. Cela dit, selon elle, il ne s’agit pas de recrutement, mais, tout juste, la régularisation de la situation des 45-55 ans. Comme convenu, d’ailleurs, et suite à l’accord en question, cette tranche d’âge aura droit à un montant de 20.000 dinars qui lui sera accordé en guise d’indemnité de sortie. Ce qui ne lui semble pas assez suffisant. « Cette bagatelle ne peut même pas assurer les conditions d’une vie digne et décente», s’indigne, à plusieurs reprises, Jamel Zamouri, porte- parole de ladite coordination.
Pourquoi sommes-nous ainsi exclus ?», se demande-t-il, mécontent. Selon lui, il est nécessaire qu’un tel accord tronqué soit révisé, dans la mesure où tous les ouvriers des chantiers sont traités sur un pied d’égalité. Loin de la politique de deux poids, deux mesures ! Toutefois, bien qu’il soit, à leurs yeux, insuffisant, ce montant ne leur est pas encore versé. «Pas non plus une ligne budgétaire réservée à cet effet pour l’exercice 2022 », lit-on dans un communiqué publié par la coordination. Ferme, il réclame l’application de la loi 27-2021, portant sur le recrutement progressif ou l’octroi d’indemnité du départ volontaire. Pire, le décret gouvernemental 436 y lié ne lui semble pas assez clair et précis. « Ses dispositions sont si équivoques qu’elles ne permettent pas, aussi facilement, la mise en exécution de la loi », ajoute le communiqué. Imen Azri d’affirmer, apprend-on de même source, qu’un nombre d’ouvriers de chantier 45- 55 ans ont choisi de partir volontairement exigeant le versement de leurs dus. A propos de l’application du départ obligatoire de cette catégorie, l’information fut, alors, démentie.
Rien n’est plus rassurant !
Rappelons, ici, que leurs collègues au-delà de 55 ans vont, en vertu de l’accord en question, continuer à travailler jusqu’à l’âge de la retraire (60 ans). Tout compte fait, ils bénéficieront d’une prime égale à celle attribuée aux familles démunies, soit 180 dinars par mois, avec en plus un carnet de soins gratuit. Ces mêmes privilèges seront aussi accordés aux ouvriers dont l’âge atteint 60 ans, si leur situation ne leur permet pas d’avoir une pension de retraite. Toutefois, aucun de ces points n’a été traduit dans les faits. Pourquoi un tel ménagement qui n’est certes pas dans l’intérêt du gouvernement? Janvier prochain et les mois suivants s’annoncent, alors, des plus chauds. Surtout que la chronologie des mouvements sociaux nous édifie sur un tel vécu. A preuve, le mois de janvier a toujours été qualifié de celui des insurrections populaires (jeudi noir de 1978, émeutes du pain en 1984, révolution en 2011…). En ces temps de crise sociale sans précédent, rien n’est plus rassurant. Pour la énième fois, la coordination des travailleurs de chantiers persiste et signe. Afin que son dossier soit définitivement résolu. Sur fond de menace d’escalade, elle demande à ce que soient parfaitement tenus les engagements de l’Etat pour rompre avec toute forme d’emploi précaire. Un appel de détresse est encore une fois lancé, au vu et au su du gouvernement Bouden.