2022 restera l’année des «polycrises», selon l’expression popularisée par l’historien Adam Tooze: des chocs hétérogènes qui interagissent, rendant l’ensemble accablant. Ces chocs ont augmenté depuis le début du siècle, avec la crise financière de 2008, celle des dettes souveraines, la pandémie du Covid-19, la crise énergétique et la guerre russo-ukrainienne.
Les chocs externes ont déstabilisé toutes les économies du monde, notamment celle de notre pays, appelé à engager des réformes structurelles pour renforcer sa résilience et sa diversification.
Quelle feuille de route pour 2023 ? Vu les risques d’une récession, le dosage et la qualité des politiques publiques sont cruciaux. De ce fait, le FMI vient de proposer à juste titre aux pays du Maghreb de lutter contre l’inflation et contenir les endettements, essentiels pour conserver la stabilité macroéconomique et éviter l’aggravation des inégalités et de la pauvreté. Pour ce faire, un mix cohérent des politiques monétaires, budgétaires et structurelles est incontournable. Certes, il devra varier d’une économie à une autre en raison des facteurs et du niveau des pressions sur les prix.
L’institution financière précise que « l’objectif est, pour les pays importateurs du Maghreb, de préserver la viabilité des finances publiques et la stabilité sociale alors que, pour les pays exportateurs, il faut renforcer les niveaux de réserves de change et accélérer les processus de transition énergétique et de diversification pour favoriser une croissance économique élargie, saine et inclusive ».
Nous vivons depuis des années une situation macroéconomique de «looser», il faut bien l’admettre. Cependant, nous ne sommes pas les seuls. Le marasme économique des années 2020- 2021 et 2022 est désormais le lot de tous et les mots «déficit», «cherté», «inflation» et «pénuries» ont définitivement intégré le vocabulaire du citoyen.
Les chantiers qui attendent la Tunisie en 2023 sont nombreux et ardus. Ainsi que les défis à relever qui seront nouveaux et prioritaires. En effet, sur le plan social, ce sont la préservation et le sauvetage du pouvoir d’achat des citoyens qui priment. L’inflation ne semble pas s’essouffler et il faudra apprendre à composer avec pendant un certain temps. Quant à la marge de financement ou d’endettement de l’Etat (cela revient désormais au même en raison de notre déficit budgétaire chronique), elle semble se rétrécir jour après jour puisque le taux d’endettement est alarmant (78,5 % du PIB) .
Selon le dernier rapport de la Banque mondiale (BM) sur l’endettement international “International Dept Report 2022“, publié en décembre 2022, l’encours total de la dette extérieure de la Tunisie a atteint environ 132 milliards de dinars en 2021 (environ 41,6 millions de dollars).
La Tunisie n’est pas le seul pays à voir son taux de dette extérieure augmenter, tous les pays à revenus faible et intermédiaire ont connu une hausse de leur dette extérieure totale des secteurs public et privé, pour atteindre 9,3 milliards de dollars en 2021, contre 8,6 milliards de dollars en 2020, selon la même source.