TOUT d’un coup et au moment de faire leur rentrée, les riverains du Grand Tunis se trouvent devant une grève improvisée et « sauvage » de la société publique Transtu. C’était la paralysie quand on sait que les taxi, eux aussi, pour d’autres motivations, ont observé une partielle mais importante grève lundi matin. Le scénario qu’on craignait a eu lieu pour la énième fois. Plusieurs absences au travail dans les institutions éducatives et une activité mise en ralenti pour une simple raison : on n’a pas, comme d’habitude, su anticiper et prévenir une crise qui s’annonçait déjà.
Les syndicalistes ont bel et bien profité de la faiblesse de leur hiérarchie et, derrière, d’un gouvernement qui règle ce genre d’affaires en retard, pour faire mal là où le besoin des Tunisiens se fait le plus sentir. Un timing « parfait » pour mettre de la pression sur la direction de la Transtu, qui a mis du temps pour réagir. Il fallait s’attendre à une action pareille de la part de plus de 7.000 agents qui réclamaient leurs primes et qui voulaient dire au gouvernement qu’ils restent, eux et les autres syndicats des entreprises publiques, les maîtres du terrain et ceux qui tirent les ficelles. Il fallait se préparer du côté des responsables de la société en question et du ministère du Transport à un scénario aussi fatal et pénible. Reflétant surtout le manque de réactivité nécessaire pour éviter un blocage de la vie quotidienne comme c’était le cas lundi dernier. Au bout de quelques heures, la grève sauvage a eu ses effets, et la hiérarchie s’est alignée sur les doléances générales. Ce n’est pas une question de primes seulement, mais aussi de conditions de travail et de logistique. Quand on est dirigeant, il faut savoir prévenir, en premier lieu les scénarios les plus douloureux. Négociation, prise d’initiative, intelligent et ferme rappel à l’ordre, tout est bon pour éviter que des salariés abandonnent le travail à la dernière minute et sans respecter les procédures classiques. Ce qui s’est passé risque de se reproduire dans le cadre d’une escalade future entre l’Ugtt et le gouvernement. Va-t-on retenir la leçon et se préparer d’avance et tôt pour éviter le pire ?