Alors que la salle de cinéma Ennejma située en plein centre-ville de Sousse — une salle qui a vu défiler des générations et qui représentait la destination préférée des cinéphiles tunisiens et étrangers notamment les touristes qui fréquentent la ville — vient d’être rasée, une autre est menacée de démolition. Il s’agit de l’unique salle de cinéma de Moknine que la municipalité a décidé de remplacer par un centre commercial.
Militant depuis plusieurs années pour retarder cette catastrophe, le jeune réalisateur originaire de la ville, Younes Ben Hajira, a mobilisé plusieurs artistes, cinéphiles, chercheurs et militants de la société civile pour défendre le cinéma et le droit à l’accès à la culture. Tout ce beau monde a exprimé son refus catégorique à cet acte de terrorisme culturel, lors de la troisième édition des journées CinéMakna des films poétiques qui s’est tenue du 21 au 24 décembre 2022.
Younes Ben Hajira avait lancé cette manifestation dans le but de sauver et de redonner vie à la salle de cinéma Moknine et de l’ouvrir à un public assoiffé de cinéma et d’art. La salle a pu ainsi, depuis la première session, ouvrir à nouveau ses portes mais les autorités l’ont fermée sous prétexte qu’elle était menacée d’effondrement… Aujourd’hui sous perfusion grâce aux efforts de Younes et ses autres défenseurs, la salle risque de s’éteindre et de rejoindre la longue liste des salles en Tunisie qui, au fil des années, se sont éteintes une à une, tombant en désuétude ou carrément démolies.
«La désertification culturelle prend une ampleur effrayante dans toute la région», note le directeur et fondateur de la manifestation qui avait pour slogan «Non à la démolition». Habitants de la ville, jeunes de la région, acteurs de la société civile et autres figures du cinéma et de l’art à l’instar de Fatma Ben Saidane, Samir Harbaoui, Jamel Madani, Yasser Jeradi et d’autres encore ont pris part à la manifestation et ont exprimé leur refus quant à la fermeture de l’unique salle de la région.
«Et même en atteignant les limites de la fatigue et du désarroi, nous continuerons de batailler pour sauver l’unique salle de cinéma de la région qui porte en elle la mémoire du pays. Vive le cinéma!», affirme Younes Ben Hajira.