Selon les prévisions de la Banque mondiale, en 2023, la croissance économique de la Tunisie devrait remonter à seulement 3,3 % en 2023 et 3,6% en 2024, contre 2,5% en 2022 et 4,4% en 2021. Par conséquent, le pays devrait être l’une des dernières économies de la région du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord (Mena) à retrouver les niveaux de croissance d’avant la pandémie de Covid-19.
L’institution estime aussi que la hausse mondiale des prix des produits de base et les progrès insuffisants dans la mise en œuvre des réformes structurelles ont freiné une reprise déjà «anémique» en Tunisie, aux prises avec des déficits budgétaires et courants croissants. Et avec une faible croissance des exportations et une hausse de la facture des importations, le déficit courant de la balance des paiements de la Tunisie s’est creusé à 10,3% du PIB en 2022.
Sur un autre plan, la BM indique qu’une dette publique élevée risque de compliquer davantage les perspectives économiques de la Tunisie. En effet, la dette publique élevée dans plusieurs économies (Bahreïn, Djibouti, Égypte, Jordanie, Liban, Maroc, Tunisie) complique davantage les perspectives et les écarts de risque souverain qui se sont élargis dans plusieurs économies ces dernières années. En Tunisie, par exemple, le spread souverain vis-à-vis des États-Unis a augmenté rapidement au cours des trois dernières années, reflétant les inquiétudes croissantes quant à la viabilité de la dette publique, compte tenu des pressions accrues exercées par les salaires du secteur public et les subventions alimentaires et énergétiques.
Dans ce même cadre, le rapport souligne qu’en Tunisie, les chocs défavorables des termes de l’échange, une reprise économique au point mort, des finances publiques insoutenables et l’incertitude politique ont augmenté le spread souverain vis-à-vis des États-Unis à 16 points de pourcentage en décembre avec une monnaie qui se déprécie de 8 % par rapport à l’année précédente et par rapport au dollar américain alors que le dinar ne s’est déprécié que de 2% par rapport à l’euro.
Dans l’ensemble de la région Mena, les conditions financières se sont resserrées conformément à l’évolution mondiale, mais elles ont particulièrement changé dans plusieurs économies importatrices de pétrole. Par ailleurs, les subventions énergétiques représentaient en moyenne 13 % des recettes publiques en 2022 dans la région. Et avec des prix alimentaires et énergétiques toujours élevés et une croissance des revenus en baisse, les appels à l’augmentation des subventions pourraient se multiplier.