Ce n’est pas avec un système de transport aussi dégradé que la mobilité en ville va s’améliorer avec un rythme rapide et élevé. Pour aller vite, quoique ce ne soit pas gagné d’avance, vu la densité du trafic routier, il faut mettre la main à la poche et encore !
Après une fin d’année moribonde, avec l’annonce d’une grève générale du transport deux jours durant fin janvier 2023 et la grève inopinée des conducteurs de bus et métros lundi 2 janvier 2023, le «branle-bas de combat» des grévistes continue de plus belle avec de surcroît un transport archaïque et complètement dépassé.
On ne va pas réinventer la roue. Si on veut que le pays décolle enfin et déploie ses ailes, il faut améliorer la qualité du transport terrestre, aérien et ferroviaire. Mais on constate que rien ne va dans ce sens ou presque, hormis le projet du RFR, réseau ferroviaire rapide, qui traîne inexorablement. Les bus et les métros vont à un rythme lent et tournent au ralenti. Résultat, les usagers de ces moyens de transport passent de longues minutes à attendre que le transport en commun arrive pour se rendre en ville, au travail ou pour n’importe quelle autre raison.
Calvaire des usagers
A la station centrale du «Passage» en plein centre-ville, de nombreuses personnes attendent impatiemment le car pour rentrer. Les bus jaunes numéro 20 et 21 qui mènent jusqu’à l’Aouina se font désirer. Au vu du prix du bus privé à 2 D, la plupart des citoyens préfèrent celui qui ne coûte que 500 millimes. Mais cela a un coût, celui de l’attente si longue que l’un d’eux abandonne après avoir acheté un ticket pour le transport public. «Je préfère payer un peu plus cher et rentrer paisiblement chez moi, même si d’ailleurs la station est plus loin du domicile qu’avec le car, mais ce dernier met trop de temps pour arriver !». Un autre témoignage sur place de Nabila résume le malaise social : «Après la pénurie des aliments, place à la pénurie du transport, car je ne trouve plus de bus pour aller au travail. La Tunisie est devenue invivable !».
Excepté la zone du Lac où le transport public est absent et ne sert que de passage, dans les quartiers d’Ennasr, Menzah et Manar, il manque là aussi cruellement et il est courant de poireauter plus d’une heure avant de monter dans le car. L’option du recours au taxi est chère, très chère, car malgré les dernières augmentations, les taximen continuent de n’en faire qu’à leur tête, de fuir la circulation des heures de pointe et rajoutent au désordre général. Alors qu’on espérait, il y a peu, entrevoir la fin de la gabegie, on tombe des nues à voir leurs agissements toujours dans l’empressement, le ras-le-bol et imprégnés de colère.
De son côté, la Transtu est lourdement endettée, à l’instar de Tunisair et bien d’autres entreprises publiques, et peine à améliorer la qualité de ses services. Pis, les nombreuses pannes des rames et des bus signalées en 2022 démontrent qu’il y a un problème au niveau de la gestion du parc de bus et de métros.
En attendant, une grève générale du transport est décrétée pour les 25 et 26 janvier 2022 qui va paralyser le pays et coûter cher à l’Etat qui opérera des coupes sur les salaires et va de nouveau augmenter les prix et repousser les résolutions et les grands projets aux calendes grecques.
Archaïque, vétuste et obsolète, voilà trois mots qui résument tous les maux du transport en Tunisie aujourd’hui.