Méconnaissable, elle retombe encore une fois dans ses travers. Fatigue? Blessure cachée? Saturation? Ce n’est pas la version qu’on aimerait voir de cette grande joueuse.
Il y a beaucoup d’anachronisme dans l’évolution de la carrière de Ons Jabeur. Et l’analyse de ses prestations dévie tout simplement à des réflexes anachroniques. On veut analyser et placer les performances de Ons Jabeur en ce moment avec ce qu’on a vu d’elle à l’US Open ou à Wimbledon.
Cette confusion dans le contexte donne une analyse superficielle et déplacée. La Ons Jabeur qu’on a vu tomber et souffrir face à Vondrousouva à Melbourne n’a rien à voir avec celle qui a atteint la finale de l’US Open ou de Wimbledon. Il y a une différence majeure à tous les niveaux. Il faut donc situer avec tact et précision les outils d’analyse selon le moment. Et en tennis, les hauts et les bas, les contre-performances qui se mélangent avec les performances ne sont pas un fait rare. Pour Ons Jabeur, sa défaite n’est pas une surprise par rapport à l’évolution des derniers mois. Elle a perdu à Monastir un WTA 250, elle a aussi perdu à Adelaïde, et même au premier tour à l’Open d’Australie, elle a dû cravacher et suer pour l’emporter. Face à Vondrousouva (une joueuse respectable et tactique), on a vu la Ons Jabeur dans sa version «inquiétante» d’après la finale de l’US Open. Fatiguée (elle respirait à la peine après chaque échange long), souffrante (on ne sait pas si sa jambe droite était si touchée et si Ons a forcé sa présence au lieu d’abandonner), nerveuse et déconcentrée (grand nombre de fautes directes), Ons Jabeur a réussi cependant grâce à sa technique à rester sur le match.
Au 3e set, ses jambes, sa tête et son poignet ne répondaient plus. Cela se voit bien que, physiquement, Ons avait du mal à se déplacer et à enchaîner ses coups-droits du fond du court. Et, bien sûr, son service ne pouvait que fléchir. Ce n’est pas la meilleure copie d’elle, et on sait tous que son tennis est d’une qualité meilleure.
Elle doit se reposer, oui, mais elle doit surtout retrouver son calme et sa sobriété. Ses errements sur le court, ses gestes nerveux, son incapacité à suivre le rythme de son adversaire, montrent bien que quelque chose ne tourne pas rond chez elle. Et c’est toujours ce côté mental et le côté attitude qui reviennent à chaque fois. Notre Ons, rayonnante et impressionnante en août et en mai et juillet derniers, est la même qui a fléchi et sombré pour diverses raisons. Peut-être bien que rater deux finales de grand chelem, ça l’a déboussolé à tel point qu’elle n’en revient pas encore. Heureusement que côté classement, elle ne s’effondre pas vu qu’elle n’a pas joué l’an dernier à Melbourne. Mais attention, elle a des points à défendre à Doha et à Dubaï, elle devra vite se réhabiliter. Et elle en est capable si elle se met dans un mode zen.