Le Kram aspire à retrouver un passé glorieux et affiche de nouvelles ambitions pour les ans à venir.
En dépit de certaines critiques émanant notamment de la Fédération nationale des communes tunisienne, la suppression du ministère des Affaires locales et le transfert de ses attributions ainsi que le rattachement de ses structures centrales et régionales au ministère de l’Intérieur, selon le décret présidentiel n° 2021-197 du 23 novembre 2021, ont sifflé la fin de récréation pour des maires très politisés et peu enclins à servir le citoyen.
Le principe de la libre administration ne tient plus et ce sont les gouverneurs en première ligne, secondés par les délégués et délégués régionaux (Omda) qui sont appelés à la rescousse pour rétablir un certain équilibre et harmoniser l’action sociale communale, en travaillant de concert avec le pouvoir local et en étant à la disposition de l’action citoyenne garante de profondes transitions sociétales, comme nous l’a fait savoir Alaeddine Jaouadi, délégué du Kram, cette commune dont le nombre de populations est d’environ cent mille habitants (chiffre estimé et non officiel).
Redorer le blason à cette région
Aujourd’hui, il y a une grande envie de provoquer un changement profond au Kram et ne plus se contenter d’actions de rafistolage de courte durée. D’importants projets sont en cours de gestation et le lancement de bien d’autres est déjà prévu à court et à moyen termes, sans compter l’achèvement des travaux de rénovation de certains établissements éducatifs, scolaires et culturels effectués sous l’égide des ministères de l’Education et de la Jeunesse et des Sports, dont le complexe de l’enfance, situé à l’avenue Farhat-Hached et la maison de culture Hamouda Maâli au Kram-Ouest, qui a fait l’objet d’une visite en octobre 2020 de représentants de l’Agence des États-Unis pour le développement international (Usaid) dans le cadre de sa restauration et son équipement.
Pour rappel, c’est dans le cadre du programme ‘’Ma’an (Ensemble)’’, financé par Usaid et mis en œuvre par l’organisation internationale FHI 360, qui vise à apporter des changements positifs aux sociétés et fournir des soins de santé vitaux, une éducation de qualité et des opportunités de participation économique significative, et ce, en partenariat avec la présidence du gouvernement tunisien, qu’un accord de subvention en nature estimé à environ 274 mille dinars a été signé en janvier 2021 pour soutenir les activités de la Maison de la culture Hammouda Maâli.
« Nous tablons sur la culture comme vecteur d’insertion pour les jeunes de la commune du Kram, ce qui explique l’intérêt porté au domaine culturel dans cette région qui a donné naissance à des artistes de renom parmi lesquels figurent le grand musicien et compositeur Mohamed Sassi et le chanteur Hedi Kallel », soulignent le délégué et les délégués régionaux (Omad) du Kram lors de notre rencontre. Par ailleurs, une cérémonie sera bientôt organisée en l’honneur de l’acteur Houcine Mahnouch et d’autres célébrités du monde de l’art, natifs du Kram.
Dans ce même volet, les travaux de restauration pour la maison de la culture au Kram-Est seront entamés incessamment alors que l’école primaire de l’avenue Habib-Bourguiba située au Kram-Est a rouvert ses portes tout récemment en présence du ministre de l’Education après plus d’une année de fermeture, consacrée à des travaux de maintenance et de rénovation suite à l’effondrement d’une partie de la toiture dans l’une des salles de classe en septembre 2021. Le coût de ces travaux a été estimé à 900 mille dinars. Elle est devenue un vrai joyau, une école des temps modernes aux fresques artistiques. L’aménagement d’un nouveau terrain de sport est à l’étude ainsi que l’installation d’un système de caméras de surveillance pour veiller à la sécurité des élèves. Le ministre de l’Education a par la même occasion donné le feu vert pour la rénovation de l’école primaire Farhat-Hached (Kram-Ouest) et d’une autre école dans la circonscription municipale de Aïn Zaghouan.
Pourquoi Le Kram n’est pas comme La Goulette ?
La question a été posée par le gouverneur de la Ville de Tunis lors de sa première visite à cette commune et plus particulièrement à la plage du Kram en juin 2022, nous confie le délégué du Kram.
A notre tour, on pose la question autrement. Le Kram, ville dotée d’activités balnéaires, pourquoi pas ? C’est une commune située entre deux régions touristiques, à savoir Carthage et La Goulette, et qui possède tous les atouts pour se métamorphoser et se muer en une ville attractive où il fait bon vivre, avec des restaurants touristiques et une corniche idéale pour les familles et les jeunes.
Cette question mérite d’être étudiée par le gouvernement, espèrent les habitants. Le passé glorieux de cette commune est souvent oublié. « Pourtant ce Vieux Kram avait, à travers les âges, ses habitants nomades et sédentaires, ses hameaux et ses villas, ses baraques et ses maisons lacustres, son café maure et son casino, son cinéma en plein air, sa mosquée, son église, sa synagogue, ses deux écoles de garçons et de filles et même sa base d’hydravions. Il avait également son cimetière, le seul en Tunisie où se côtoyaient dans des parterres séparés musulmans, catholiques, protestants, orthodoxes, juifs et fétichistes », avait mis en exergue Si Abdelaziz Bey, dans son ouvrage ‘’Le vieux Kram, cité des figuiers au centre des jardins de Carthage’’.
Il est, aujourd’hui, d’une importance capitale de s’attaquer frontalement à certains problèmes d’ordres social et environnemental, nous souligne Alaeddine Jaouadi. A cet effet, il a expliqué que des aides exceptionnelles sont allouées aux familles nécessiteuses (environ une trentaine selon les délégués régionaux), dans le cadre de l’amélioration de l’habitat, ajoutant d’une autre part que des travaux d’assainissement et d’épuration ainsi que de renouvellement sont en cours en coordination avec l’Onas au niveau de certains points noirs.
Transformer les points noirs en lieux de sport et de loisir
« La région manque d’une approche globale en matière de développement susceptible de donner un nouveau visage à cette commune, mais il est vrai que certains articles issus du code des collectivités locales sont de nature à freiner l’action commune entre les différentes parties prenantes ».
Notre interlocuteur nous fait savoir qu’une grande attention est accordée aux espaces jeunes, aux parcs d’attraction dont le Parc du Kram-Ouest, sans compter cette volonté de transformer certains points noirs en lieux de rencontre pour la pratique de sport au profit des jeunes dans le cadre de la prévention contre l’extrémisme violent. Certes, le pari est difficile en raison de la marginalisation de cette commune des années durant et même après la révolution, mais il n’est pas impossible. Un défi qui reste à relever sous le slogan ‘’Demain sera meilleur’’.
Le délégué du Kram assure à la fin de la rencontre que Le Kram va changer pour le meilleur avec à l’horizon un méga projet « Tunis Sport City » de Bukhatir Group aux berges du lac qui se profile à l’horizon (la première tranche de ce projet sera fin prête d’ici 2026), des établissements culturels appropriés et des espaces sportifs multidisciplinaires pour les jeunes, et surtout une volonté inflexible émanant particulièrement du gouverneur de Tunis à apporter l’aide nécessaire à cette commune pour faire face aux défis politiques, sociaux et économiques auxquels elle est confrontée et identifier les opportunités et ressources possibles.
Miled
22 janvier 2023 à 11:13
Merci pour l article, monsieur Dridi. Cela donne de l espoir. Il y a ce problème d épuration des canalisations des eaux pluviales. Aux moindres précipitations la chaussée est inondée (Avenue Habib Bourguiba). Les commerçants se trouvent obligés de jeter des planches et des briques pour permettre aux passagers d accéder à leurs commerces ou au trottoir.
L autre point noir l insalubrité de la plage due essentiellement aux consommateurs de bière qui jettes bouteilles et sachets en plastique sur les lieux.
Sans oublier le marché municipal qui a grand besoin d être rénové tout comme le marché jouxtant la mosquée Ennour déserté pour cause de marchands ambulants aux alentours.