Les hommes de légende ne meurent jamais, dit-on. Mounir Jelili, qui vient de tirer sa révérence, en est incontestablement un. Issu d’une bonne famille purement tunisoise, le petit blondinet du quartier populaire de Halfaouine a tôt fait de frapper à la porte de la gloire, aidé en cela par des qualités innées, à savoir la détermination, la fougue, la classe et l’ambition. Des atouts qui faisaient sa raison d’être, un mode de vie et qui l’accompagneront, telle son ombre, tout au long de sa prodigieuse carrière. Une carrière qui a été déclenchée à la Zitouna Sports, avant de se poursuivre à l’Espérance Sportive de Tunis pour un long bail qu’il avait marqué de son empreinte de géant. Oui, un géant, Mounir l’était. Tous ceux qui l’ont vu jouer au temps de sa splendeur sont les premiers à le dire. C’est qu’il représentait un spectacle à lui seul, grâce à sa formidable technique, son extraordinaire vision du jeu, ses superbes exploits personnels et ses buts le plus souvent d’une rare beauté. Meneur presqu’incomparable d’une équipe «sang et or» qui ravageait tout sur son chemin, Mounir, le capitaine emblématique, était doublé d’une très forte personnalité. Au point que tout passait par lui sur le terrain et dans les coulisses, au point aussi d’éclipser ses coéquipiers qui jouissaient pourtant eux aussi du statut de superstar. Après avoir tout fait et créé sur les terrains en tant que joueur de génie, et tout gagné ( dont huit doublés avec l’EST et un titre africain avec la sélection), le monstre sacré qu’il était restera organiquement attaché à ce handball auquel il a tout donné. Et cela en passant de l’autre côté de la barrière, comme dirigeant responsable de l’équipe senior de l’EST. Poste dans lequel, on s’en souvient aussi, il avait imposé sa griffe à la faveur de l’inusable charisme qu’il continuait d’exercer sur la section et les supporters qui l’avaient idolâtré.
Cependant, si Mounir a gagné toutes les batailles qu’il a lancées durant plus de deux décennies, il n’en a perdu qu’une, une seule, à savoir la maladie devant laquelle il a fini, avant-hier, par craquer. Une glorieuse page du handball tunisien vient d’être tournée. Mais, on ne se lassera jamais de la relire.. jusqu’à la fin du monde.
Adieu Mounir, adieu l’artiste.